Sans la protéine NPC1, Ebola ne peut se propager. © Reuters

Pourquoi certains meurent d’Ebola et d’autres pas ?

Le Vif

Plus de 60 % des gens qui ont contracté Ebola lors de l’épidémie qui sévit actuellement en Afrique de l’Ouest en sont morts. Or certains ont survécu à l’un des virus les plus mortels que l’humanité n’ait jamais connu. Pourquoi ?

Il n’existe toujours pas de vaccin ou de traitement officiel contre l’Ebola. Pourtant dans certains cas son taux de mortalité peut atteindre les 90 %. Cette lacune est due au fait que le nombre de malades était relativement restreint et dans des zones reculées. Ce qui a eu comme conséquence qu’il n’y a eu que peu de recherches jusqu’à présent. Par ailleurs le virus est à ce point dangereux que l’étudier demande de très coûteuses consignes de sécurités. Vu qu’il n’y a que très peu d’études sur le sujet, on ne connait pas encore les raisons qui font qu’une personne va mourir après avoir été contaminé et une autre pas. Mais, selon les experts, certaines études démontrent tout de même qu’il existe quelques marqueurs biologiques liés à de meilleures chances de survie .

Que fait le virus à notre corps ?

Lorsqu’une personne est infectée par le virus Ebola celui-ci s’attaque à son système immunitaire. Plus spécifiquement aux molécules CD4 et CD8, des lymphocytes T, ou cellules T qui sont responsables de l’immunité cellulaire (soit la reconnaissance et la destruction par l’organisme de cellules reconnues comme étrangère). Notre capacité à nous défendre face à cette attaque va déterminer nos chances de survie. Lorsque le système immunitaire n’arrive pas à lutter de manière suffisamment efficace, celui-ci ne pourra pas non plus se reconstruire. Fortement perturbé, il va se laisser envahir par une véritable tempête de molécules infectieuses qui vont déchirer les petits vaisseaux sanguins. Ce qui va faire à son tour faire baisser la tension sanguine. Une baisse qui aura pour conséquence que les principaux organes lâchent en entraînant la mort du patient dans leur sillage selon LiveScience.

Une mutation génétique pourrait rendre certains plus résistants
Un autre marqueur biologique associé à une plus grande chance de survie en cas d’infections est lié aux antigènes des leucocytes humains (en abrégé, HLA, de l’anglais human leukocyte antigen). Ce sont des molécules à la surface des cellules qui permettent l’identification par le système immunitaire. Une étude de 2007 démontre que ceux qui ont une certaine variante de ce gène vont plus facilement survivre à Ebola, alors que d’autres qui ont une autre variante auront eux plus de risques de mourir.

Si certains sont capables de survivre à Ebola, d’autres ne sont même jamais malades puisque résistants au virus. Ces derniers ont eu une mutation dans un de leurs gènes NPC1. Des études ont démontré que lorsque des chercheurs ont mis en contact des cellules de personnes porteuses de ce gène avec le virus Ebola, celles-ci se sont révélées résistantes.

En Europe entre une personne sur 300 et une sur 400 possède cette mutation. Dans certains groupes de population, le pourcentage peut même s’élever à 26 % . Pour l’instant on ignore le pourcentage d’Africains qui ont cette mutation. Seulement voilà, c’est justement parce que le test s’est fait en laboratoire qu’on ne peut dire avec certitude si les porteurs de ce gène mutant sont bel et bien résistants à Ebola.

Développer un vaccin peut prendre des années

Il n’existe, pour l’instant, aucun traitement ou vaccin spécifique contre la fièvre hémorragique due au virus Ebola, qui se transmet par contact direct avec le sang et avec des liquides biologiques de personnes ou d’animaux infectés.

Le comité d’experts réuni lundi par l’OMS a néanmoins approuvé l’emploi de médicaments non homologués au vu de la situation en Afrique de l’Ouest. Du ZMapp, un sérum expérimental de la société américaine Mapp Biopharmaceutical testé uniquement sur les animaux y a déjà été envoyé. Des doses ont été administrées à deux soignants américains contaminés qui semblent actuellement guéris, mais ce produit n’aura pas permis de sauver le missionnaire rapatrié en Espagne décédé mardi.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce dans la foulée qu’il devrait y avoir un vaccin disponible sur le marché d’ici 2015. Mais la firme pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK), qui travaille à l’élaboration de ce vaccin contredit cette annonce et précise que cela pourrait prendre des années. « Nous appelons à la prudence ; notre vaccin est encore dans une phase de test préclinique. Cela veut dire qu’il n’a pas encore été testé sur des humains » précise Pascal Lizin de GSK. L’entreprise espère faire ses premiers tests cliniques cette année encore. Cette phase est primordiale puisqu’elle détermine à quel point le produit est inoffensif pour quelqu’un de bien portant ainsi que la dose la plus adéquate.

Des résultats très prometteurs sur des animaux

Certains traitements potentiels contre Ebola ont donné des résultats très prometteurs sur des animaux. Notamment sur des substances qui agissent sur la manière dont opère le virus. D’autres moyens expérimentaux ont comme but d’empêcher Ebola de s’introduire dans les cellules en bloquant en surface de la cellule les protéines sur lesquelles s’accrochent le virus.

Une autre thérapie consiste à injecter des parties du virus dans des souris pour récupérer leurs anticorps qui seront ensuite utilisés pour traiter l’infection. Dans une étude de 2012, des singes porteurs d’Ebola ont survécu, car ils avaient reçu une combinaison de ces anticorps dans la journée qui suivait leur infection.

Trui Engels

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