Image composée des volontaires: à gauche les malades, à droite les personnes en bonne santé. © Audrey Henderson, MSc, St Andrews University, using PSYCHOMORPH

Peut-on voir si quelqu’un a la grippe?

Ce serait pratique de pouvoir fuir à l’approche de quelqu’un atteint de pathogènes contagieux. Inconsciemment, nous avons bel et bien l’oeil pour les signes subtils qui indiquent qu’une personne couve quelque chose. Cependant, nous n’avons pas beaucoup de certitude. La technologie pourrait bientôt nous aider.

À présent que la grippe prolifère, on se méfie de toute personne qui tousse ou éternue. On se dit « éloignons-nous » ou « lavons-nous les mains », certainement si elle se soucie peu de l’hygiène.

Évidemment, le problème c’est qu’alors il est trop tard. Une étude récente démontre en effet qu’on propage le virus de la grippe quelques jours avant de tomber malade. Et il n’est même pas nécessaire de tousser ou d’éternuer. Parler et respirer suffit pour asperger l’entourage et les gens de particules de virus.

Des millénaires de développement nous ont dicté des comportements dont nous ne sommes pas conscients. La compétence de voir la différence entre une personne malade et une personne en bonne santé, même quand l’infection est apparue il y a quelques heures, en est une.

Les yeux et la bouche trahissent

Pour mesurer cette compétence, les chercheurs suédois ont injecté des substances de colibacilles, qui déclenchent très rapidement des symptômes grippaux, à 16 volontaires en bonne santé. Ils alternaient ces injections d’eau physiologique inoffensive de sorte qu’aucun volontaire ou chercheur impliqué directement ne sache qui avait reçu quel produit. Seul un chercheur était au courant.

Deux heures après l’injection, les volontaires ont été photographiés. Ensuite, ces photos ont été montrées pendant 2 secondes aux autres bénévoles. Classer quelqu’un de malade en un éclair s’avère plus difficile que prévu car les bénévoles n’y parvenaient que dans 52% des cas, ce qui n’est pas mieux qu’un simple hasard. Mais pour désigner les personnes saines, le chiffre atteignait les 70%.

D’après les bénévoles, les malades sur les photos avaient l’air plus pâles et fatigués, leurs yeux étaient plus rouges, leur visage un peu plus gonflé et leurs paupières et commissures des lèvres tombaient légèrement.

Les lèvres plus pâles sont ce qui frappe le plus, mais la couleur de peau plus blême et les paupières tombantes sont le meilleur indicateur de maladie. C’est logique, car une couleur de peau rouge est manifestement le signal le plus forte d’une santé robuste et des paupières tombantes trahissent une fatigue souvent accompagnée d’affaiblissement et de maladie.

L’ordinateur s’en sort-il mieux?

Reste à savoir si les programmes informatiques de reconnaissance faciale ne peuvent pas aider à détecter les personnes infectieuses et aider à endiguer une éventuelle épidémie de grippe.

Il y a quelques années, on a déjà entrepris une tentative dans ce sens lors de l’épidémie du SRAS, une pneumonie virale et mortelle venue du sud de la Chine. Les aéroports utilisaient l’infrarouge pour tenter de détecter les personnes fiévreuses, mais cette approche ne s’est pas révélée concluante.

Peut-être que dans quelques années, il nous faudra lors des épidémies de grippe patienter qu’un scan de notre visage nous donne l’autorisation de monter dans un train, un avion ou un bus. Ou d’entrer au travail.

Computer says no!

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