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Peut-on développer un remède universel contre le rhume ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Avec le changement de saison, personne n’est à l’abri d’un petit rhume. Pourrait-on, un jour, le faire disparaitre ?

C’est à la fois l’infection la plus répandue au monde et la plus difficile à appréhender. Contrairement aux idées reçues, le rhume n’est pas spécifiquement lié au froid et n’est pas dû à un seul agent pathogène, qu’il suffirait de faire disparaitre. En réalité, plus de 200 virus provoquent ce type de réaction, chacun déployant sa propre stratégie chimique et génétique pour échapper aux défenses immunitaires. Selon The Guardian, un adulte souffre en moyenne de 2 à 4 rhumes par an, un chiffre pouvant aller jusque 10 chez les enfants. Pourtant, on finit par accepter le rhume en prenant son mal en patience pendant quelques jours.

Un mal répandu, mais difficile à cerner

Le rhume fait l’objet de beaucoup de rumeurs, la plupart étant fausses. Embrasser une personne enrhumée, par exemple, ne vous contaminera pas automatiquement. Les croyances populaires ont également freiné la recherche d’un remède universel. Aujourd’hui encore, les ventes de « remèdes d’hiver » explosent, bien que l’efficacité de ces produits n’ait pas été prouvée. Certains contiennent du paracétamol, mais ils ne sont pas bien dosés. Prendre de la vitamine C régulièrement ne permet pas non plus d’éviter à coup sûr d’attraper un rhume, de même que d’autres compléments alimentaires. Le seul vrai moyen d’éviter le rhume serait de vivre en totale isolation.

Bien que la science moderne ait changé la manière dont la médecine est pratiquée dans tous les domaines, elle n’a pas encore été capable de produire de nouveaux traitements radicaux contre le rhume. La difficulté est que, si tous les rhumes se ressemblent, la seule caractéristique biologique commune aux virus qui les provoquent est qu’ils sont adaptés pour entrer et endommager les cellules qui tapissent les voies respiratoires. Mais ils appartiennent à des catégories d’organismes différentes, chacun ayant sa manière d’infecter nos cellules, ce qui empêche la possibilité d’un traitement universel.

Sept familles de virus

Pour l’instant, les scientifiques ont identifié sept familles de virus responsables de la majorité des rhumes. Chaque famille comprend une ramification de sérotypes, des sortes de « sous-virus », qui peuvent aller jusqu’à 200. La catégorie la plus répandue est le rhinovirus, le plus petit, qui est responsable d’environ 3/4 des rhumes chez les adultes.

Peut-on développer un remède universel contre le rhume ?
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Pour éradiquer le rhume, il faut s’attaquer à tous les types de virus, en commençant par le plus fréquent. Les scientifiques ont tenté de fabriquer un vaccin contre le rhinovirus dans les années 1950, mais les essais n’ont pas été concluants. Au fur et à mesure des années et des recherches, il est devenu évident qu’il ne serait pas possible de produire un vaccin de manière traditionnelle, à cause des différents sérotypes. Mais un éditorial paru dans la revue Expert Review of Vaccines, co-écrit par des spécialistes des maladies respiratoires, rouvre la voie avec prudence : « Peut-être que la recherche d’un vaccin contre le rhinovirus a été rejetée comme étant trop difficile, voire impossible. Mais de nouveaux développements suggèrent qu’il serait possible de générer un large éventail de protections immunitaires ». Après avoir trouvé des vaccins pour les virus les plus dangereux, les scientifiques pensent qu’il est maintenant temps de s’atteler à la cause n°1 des maladies.

Progrès

Pour les médecins, il est préférable de développer un vaccin plutôt qu’un médicament, car cela permet de protéger la personne contre les organismes envahissants avant qu’ils ne causent des dégâts. Pour l’instant, certaines ébauches de vaccins sont en développement. Mais si ces derniers passent le stade de l’essai clinique, ils seront d’abord administrés aux groupes à haut risque, et ensuite au reste de la population. Avec le temps, à mesure que la proportion de personnes vaccinées atteindra une masse critique, les virus ne pourraient plus circuler car la chaîne d’infection serait rompue, c’est ce qu’on appelle « l’immunité collective ».

Ce scénario semble encore bien loin. Surtout quand on pense qu’environ 80% des médicaments testés cliniquement, et qui sont concluants sur les souris, ne le sont pas sur l’humain. Mais pour la première fois depuis des décennies, les chercheurs commencent à croire que c’est possible.

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