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On ne fait plus de pause pendant la pause

Muriel Lefevre

Plus d’un Belge sur trois passe sa pause déjeuner à surfer et à scroller. Du coup ce n’est plus une véritable pause. Et la fatigue et le stress augmentent.

Selon une enquête menée par l’assurance vie NN auprès de 1.061 travailleurs belges, les adultes sont tout aussi accros que les jeunes à leur smartphone. Ils sont 36% à être collés à leur écran pendant les pauses déjeuner. Par peur de rater quelque chose, nous ne déconnectons jamais, ce qui entraîne une accumulation de fatigue.

41 % des personnes interrogées déclarent avoir chaque semaine une petite baisse de régime à la fin de la journée de travail, tandis que 32 % la ressentent plusieurs fois par semaine. Chez 5 % des répondants, ce « coup de mou » est même quotidien. Et 11% d’entre eux se lèvent en se sentant fatigué. Pas moins de 7 Belges sur 10 déclarent même commettre de temps en temps une erreur au travail à cause de la fatigue. 65 % ont aussi régulièrement mal au dos, à la nuque ou aux épaules. 16 % des travailleurs belges en souffrent même au quotidien.

Au-delà de la fatigue, c’est aussi le stress qui s’accumule. 84 % des Belges actifs éprouvent régulièrement du stress et pas moins de 35,5 % des travailleurs belges déclarent ressentir du stress quotidiennement.

Moins de pauses et elles sont plus courtes

La longue pause déjeuner est de l’histoire ancienne. Près de 67 % des personnes interrogées prennent une pause déjeuner tous les jours, mais celles-ci sont de plus en plus courtes. Pour les indépendants, à peine 53% des personnes interrogées font une pause quotidienne. 10 % des travailleurs indépendants ne prennent jamais de pause déjeuner. 64% des employés prennent une pause d’une demi-heure maximum et un travailleur sur quatre n’y consacre même pas 15 minutes. De même, faire un court break le matin ou l’après-midi est loin d’être une évidence pour tous les employés puisqu’un Belge sur trois n’y arrive pas.

On ne fait plus de pause pendant la pause
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Pas moyen de se détendre

De même, la qualité de nos pauses déjeuner pose aussi problème puisque seuls 42% des Belges interrogés prennent le temps de papoter avec leurs collègues, 3% font du sport et 14 % vont se promener. Ce qui fait que 36 % des Belges sont suspendus derrière leur écran durant leur temps de pause. 29% d’entre eux surfent sur Internet et 24% se cantonnent aux réseaux sociaux.

L’étude met également en évidence le fait que nous sommes trop sollicités. Pas moins de 41 % des travailleurs belges ne se détendent pas pendant leur pause et seuls 43 % estiment qu’une pause permet de recharger ses batteries. 8 % des personnes interrogées trouvent que c’est une perte de temps et 7 % pensent même que cela nuit à la concentration.

Isabelle Hoebrechts, administratrice déléguée de 361° et spécialisée dans le bonheur au travail, plaide pour une autre manière d’aborder les pauses. « Les employeurs peuvent encourager les travailleurs dans leur attitude à l’égard des pauses. Ils pourraient, par exemple, résoudre la problématique autour des smartphones en organisant des ateliers ou des séances d’informations pour faire prendre conscience aux collaborateurs de l’impact négatif que l’usage immodéré du smartphone peut avoir sur le cerveau. Notre cerveau est chaque jour sollicité à l’excès. Mais les conséquences sont latentes et restent invisibles pendant longtemps. De ce fait nous n’agissons pas immédiatement pour contrer ces effets. C’est une accoutumance, à laquelle de nombreuses personnes ne se rendent pas compte être soumises. »

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Les travailleurs plus jeunes prennent plus de pauses que les plus de 50 ans

Si 62 % des travailleurs trouvent qu’il est important de faire une pause, seuls 32 % font des pauses de temps en temps, mais de préférence seuls. Les pauses-café collectives, les « Fika », ne sont pas encore monnaie courante dans notre pays. Pas moins de 66 % des personnes interrogées déclarent ne jamais interrompre le travail en même temps que leurs collègues pour une pause-café. Chez les 20-34 ans, le chiffre passe à 57 % et il grimpe à 71 % chez les plus de 50 ans. 71 % des travailleurs déclarent que leur entreprise ne dispose pas d’un endroit convivial pour prendre un café et chez seulement 14 % des sondés, une personne est encore chargée de distribuer des cafés au travail.

L’importance de la pause

L’Enquête nationale du Bonheur, de l’UGent et NN, a montré que les Belges étaient plus heureux dans leur vie privée lorsqu’ils l’étaient également au travail et qu’ils côtoyaient des collègues agréables. Notre travail serait responsable pour un cinquième de notre bonheur. Il tient donc une place considérable dans notre équilibre. Cette place grimpe encore chez les indépendants ou elle détermine 32 % du niveau de satisfaction de vie en général. Pour faire diminuer le stress et la fatigue liés au travail, il existerait pourtant une solution : Il faut faire régulièrement des pauses. Mais des pauses de qualité.

Pas bien !
Pas bien !© Getty Images/iStockphoto

Pourtant, la faute n’incombe pas seulement à l’employé, puisque trop de managers considèrent les pauses comme une perte de temps. C’est pourquoi NN veut convaincre les employeurs de travailler sur une politique de pauses saines et d’encourager le ‘Fika’. Le concept, un moment café où tous les employés se reposent et discutent ensemble qui vient de Suède. Pour Jan Van Autreve, CEO de NN, les pauses offrent plusieurs avantages. « Selon moi, elles sont essentielles. En faisant une pause tous ensemble autour d’une tasse de café, on parle les uns avec les autres de manière tout à fait informelle. On apprend alors à mieux connaître ses collaborateurs et à les considérer avec respect », explique Jan Van Autreve. C’est donc une occasion unique de partager un moment avec leurs collègues et cela permet aussi l’intégration et la socialisation. Des employés heureux sont plus productifs et des études montrent aussi que l’absentéisme au travail diminue lorsque l’entreprise s’engage pleinement à améliorer la santé physique, mentale et sociale de ses employés.

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