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Obésité en Belgique: « Nous vivons dans un pays où la nourriture est partout, tout le temps »

Chris Goossens, le diététicien qui est derrière la spectaculaire métamorphose de Bart De Wever, ne souhaite pas seulement mettre les gens en mouvement. Il veut aussi leur réapprendre à manger grâce à son régime. « Nous sommes tellement habitués à avoir toujours de la nourriture à portée de mains. »

Le médecin sportif Chris Goossens voit venir avec angoisse ce qu’il appelle la « crise des kilos » dans les pays occidentaux. Et il prédit que d’ici 2030, selon l’Organisation mondiale de la Santé, 89% des femmes belges seront obèses ou en surpoids. Aujourd’hui, la moitié des Belges sont en surpoids (IMC ou indice de masse corporelle entre 25 et 30) et environ 17 à 18% souffrent d’obésité (un IMC supérieur à 30).

« C’est en grande partie dû à notre culture culinaire et à un accès permanent et infini à la nourriture » dit Goossens. « Parce que l’obésité est un facteur de risque important pour les maladies cardiovasculaires, le diabète et certaines formes de cancer, la perte de poids est une forme de médecine préventive. Lorsque vous êtes obèse, une perte de dix pour cent de votre poids se traduit par dix ans de vie en bonne santé en plus. Après avoir perdu autant de kilos, beaucoup de gens n’ont simplement plus besoin de prendre des médicaments pour toutes sortes de problèmes liés au surpoids. Pour contrer l’épidémie d’obésité, Goossens propose sa nouvelle approche de la diète à travers Pronokal. Un « régime miracle » d’origine espagnol qui fit fondre Bart De Wever de 50 kilos en 2012 et qui lui a permis, selon les propres dires du président de la N-VA, de recommencer une nouvelle vie. Déjà 16 000 Belges, dont le chef pâtissier Roger Van Damme, ont suivi l’exemple de De Wever en se lançant dans ce régime spartiate fait de repas de substitution qui met la volonté à rude épreuve.

Le régime Pronokal

Ce régime change aujourd’hui de formule, il s’appelle désormais PnK, pour ne plus seulement viser la perte de poids rapide, mais aussi le stabiliser une fois l’objectif atteint. Pour ce faire, ils ont rajouté de l’acide gras essentiel DHA. Cet acide gras supprime l’inflammation des tissus adipeux qu’on appelle aussi la lipo-inflammation qui est à la base du redoutable et pervers effet « yo-yo ». C’est aussi cette inflammation qui augmente l’appétit. Et lorsque les personnes en surpoids perdent du poids sans traiter la cause de l’inflammation des tissus adipeux, les kilos reviendront dès la fin de leur régime.

Maintenir son poids est en effet l’un des plus gros défis des régimes. Surtout dans ceux très extrêmes comme le PronoKal (les créateurs préfèrent eux parler de « traitement » parce qu’ils considèrent l’obésité comme une maladie.)

Si Bart De Wever est encore mince six ans plus tard, il reste une exception. Seulement 1 personne sur 300 qui suit un régime conserve son poids après cinq ans. Ce n’est tout de même pas énorme. Les créateurs de la méthode disent que celle-ci a pourtant prouvé son efficacité. « Après deux ans, plus de 54% des personnes sont restés en dessous de leur perte de 10% de leur poids. Dans un régime classique, ce taux n’est que de 13 % », explique Goossens.

Qu’est-ce la méthode PnK?

Le traitement PnK est, comme la méthode Pronokal, basé sur un processus de cétose, un état métabolique naturel. Vous privez votre corps d’autant de sucre que possible (un maximum de 30 g par jour). Ce dernier va dès lors chercher ailleurs des sources d’énergie. Il en résulte que, après quelques jours, votre corps produit des cétoniques qui agissent sur votre cerveau et suppriment la faim. Celle-ci est remplacée par un sentiment euphorique et beaucoup d’énergie. Pendant la période de cétose (les trois premiers mois), les patients perdent 80% de leur surpoids en combinant sachet de PnK et légumes. Peu à peu, les aliments ordinaires sont réintroduits dans l’alimentation. Durant cette deuxième phase de deux mois, les patients vont perdre les 20% restants de leur surpoids. Ces repas de remplacement contiennent les protéines de substitution nécessaires qui limitent la perte de masse musculaire. Durant tout ce processus, le patient doit boire deux litres d’eau par jour, prendre des suppléments de vitamines et de minéraux et faire du sport.

Les dangers de la PnK

La méthode PnK est un traitement radical qui perturbe complètement votre corps. Il n’est donc pas conseillé à tout le monde. Les personnes qui souhaitent suivre ce régime doivent avoir plus de 16 ans et moins de 65 ans. En outre, un examen médical est nécessaire pour vérifier si les reins et le foie sont en bon état. Les cétones qui sont libérées pendant la phase de cétose peuvent en effet causer des dommages aux organes. La méthode est destinée aux personnes qui visent une perte de poids significative, soit à partir de 20 kg. Aux personnes qui veulent perdre quelques kilos pour parader en bikini ou qui se marient dans l’année, on recommande un autre régime.

La valeur ajoutée de la méthode PnK par rapport aux autres régimes serait son approche multidisciplinaire. Les personnes qui le suivent sont considérées comme des patients et suivis comme tels par une équipe de médecins, de nutritionnistes et de coach sportif. Il est fortement déconseillé de le faire sans aide médicale. En plus des conseils et du soutien, c’est surtout le patient qui doit faire preuve d’une grande persévérance pour rompre avec son ancien régime alimentaire et se nourrir de substitut pas forcément appétissant. Une chose difficile dans un monde rempli de tentation.

« Nous sommes habitués au fait qu’il y ait partout et toujours de la nourriture », dit Goossens. Les aliments n’ont jamais été aussi accessibles. Nous vivons dans un pays de sandwicheries. A chaque coin de rue, vous trouverez un pitta, un kebab ou une boulette. Dans chaque station-service, les snacks à emporter vous attendent. L’offre est pléthorique. De nos jours, les bouchers ont 20 types de salami, là où dans le passé vous n’en aviez qu’un. Les poissonneries se font par contre beaucoup plus rares. Nous ne réfléchissons pas assez à ce que l’on mange. Il y a beaucoup trop d’élevage. Dans le passé, les gens avaient l’habitude de tuer eux-mêmes leurs poulets et leurs lapins et ils savaient d’où venait la viande. Et en mangeaient du coup de façon plus parcimonieuse. »

Cette rééducation de la façon de se nourrir est la clé du succès de la méthode. « L’obésité est une maladie chronique, le traitement est donc également à vie », explique Goossens. Cela nécessite principalement un changement permanent des habitudes alimentaires et du style de vie. Car bouger fait partie intégrante d’un mode de vie sain.

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