Mr. Nobody, de Jaco Van Dormael © Capture d'écran YouTube

Les pistes scientifiques dans la lutte contre le vieillissement

Le Vif

La géroscience est mobilisée contre les outrages de l’âge en cherchant à prévenir les maladies et dégénérescences liées au vieillissement pour prolonger le nombre d’années passées en bonne santé, voire même la durée de la vie.

« De récentes avancées permettent de mieux comprendre les processus moléculaires du vieillissement, ouvrant la voie à des interventions pour le retarder », explique Luigi Fontana, professeur de médecine à l’université américaine Washington de Saint-Louis (Missouri).

Avec le vieillissement dans les pays développés, les systèmes d’assurance maladie et de retraite sont menacés de faillite et il devient urgent de préserver la santé et l’indépendance des seniors plus longtemps, dit-il à l’AFP.

Ses travaux portent sur les effets anti-vieillissement de la réduction du nombre de calories consommées, qui permet de prolonger la vie et de préserver la santé chez des animaux de laboratoire en agissant sur des gènes identiques à ceux des humains.

« Vieillir est en fait l’accumulation des détériorations des cellules, résultant des dérèglements du métabolisme », résume ce chercheur. « Selon les prédispositions génétiques, on en accumule plus ou moins ».

L’espérance de vie s’est nettement allongée depuis un siècle, grâce surtout aux progrès de l’hygiène et à la découverte des vaccins et des antibiotiques.

Mais en vivant plus longtemps, nous développons des maladies qui résultent de ces détériorations cellulaires (cancers, dégénérescence musculaire et neurologique…), aggravées par une alimentation malsaine et un manque d’exercice, souligne Luigi Fontana.

« Avec nos études sur les animaux, nous savons que ces altérations peuvent être prévenues ou ralenties », assure-t-il.

Vie doublée pour un ver

« Nous pouvons manipuler des gènes et créer des souris transgéniques qui vivent 60% plus longtemps – jusqu’à deux fois plus pour un petit ver appelé C. elegans – et en nettement meilleure santé », poursuit Luigi Fontana, soulignant que réduire les calories consommées produit des effets similaires sur ces gènes, également présents chez les humains.

Ce chercheur prépare un essai clinique qui fera jeûner des volontaires deux semaines.

« Nous essayons de démontrer qu’en jeûnant deux semaines tous les cinq ans, nous activons des processus génétiques permettant de décrasser l’organisme », les cellules se mettant alors à brûler les déchets accumulés pour produire de l’énergie, explique-t-il.

D’autres chercheurs travaillent sur des molécules « réparatrices » du métabolisme qui auraient les mêmes effets sans passer par le jeûne.

Un autre axe de recherche porte sur les télomères, qui protègent les extrémités des chromosomes. Ils se réduisent à chaque division cellulaire et jouent un rôle important dans l’âge biologique.

« Une quinzaine de mécanismes interviennent dans le vieillissement », relève Carol Greider, prix Nobel de médecine, chef d’un laboratoire d’étude des télomères à la faculté de médecine Johns Hopkins (Maryland).

Nombre de pathologies de l’âge sont liées à la division cellulaire et la réduction des télomères joue clairement un rôle, explique-t-elle à l’AFP. Une fois les télomères réduits à zéro, les cellules ne peuvent plus se diviser et meurent.

« Il est possible de modifier ce processus pour préserver les télomères et éviter ou retarder des maladies du vieillissement », résume la chercheuse.

La réduction des télomères est compensée par un enzyme, la télomérase, qui les préserve mais qui, en excès, favorise le cancer, dit-elle.

La cannelle contre l’âge

Mahtab Jafari, professeur de pharmacologie à l’université de Californie à Irvine, étudie quant à elle les effets sur la longévité de la cannelle et de la rhodiola rosea, une plante arctique déjà connue des Vikings.

Elle a pu prolonger la vie de mouches drosophiles de 25% avec la rhodiola et de 30% avec la cannelle.

Ces insectes sont un bon modèle de recherche dont les gènes et la physiologie étudiés sont similaires chez les humains, indique-t-elle à l’AFP.

La scientifique prévoit un essai clinique avec des octogénaires pour voir si ces plantes « atténuent ou inversent leurs dégénérescences ».

Pour le Dr Greider, en évitant ces maladies, on pourrait vivre en assez bonne santé la durée maximum de vie biologique, qui selon elle se situe entre 110 et 120 ans.

Mais elle reste « sceptique » sur la possibilité de vivre davantage en manipulant directement les gènes, car le vieillissement résulte de multiples mécanismes biologiques complexes.

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