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Les parents n’osent plus laisser leur enfant jouer seul dehors

Le Vif

Dans une société où l’on craint un attentat à chaque instant, les parents ont tendance à se montrer surprotecteurs. Au point de devenir, eux-mêmes, nuisibles pour leur enfant.

Un enfant, pour s’épanouir, a aussi besoin d’apprendre à se débrouiller tout seul. Ce constat, qui peut sembler une évidence, est pourtant souvent ignoré par de nombreux parents qui veillent au grain dans une société alarmiste et anxiogène. Un « vivre ensemble » où l’autre est pratiquement toujours un inconnu et souvent perçu comme un danger. Pourtant, il y a 40 ans, on osait laisser un enfant de 5 ou 6 ans jouer seul en rue. On faisait alors confiance, et il y avait une sorte de surveillance des enfants de chacun par la communauté, dit Atlantico. Aujourd’hui, même notre voisin est souvent devenu un étranger et on a de plus en plus peur du monde extérieur. Cette crainte est nourrie par une surexposition aux médias et surtout par une surinformation généralisée.

Notre peur, qui était auparavant locale, est désormais mondiale. Et les enfants ont souvent un accès direct à l’information. Les parents ne cherchent plus à raisonner la peur des enfants, mais au contraire à les « mettre en garde contre les dangers auxquels ils pourraient être confrontés. » dit encore Florence Millot, psychologue pour enfant. Ce faisant, ils ne font en réalité que transmettre leur propre angoisse. Plus inquiétant, on a constaté « une grande montée d’angoisse et d’anxiété chez les enfants de 8 à 10 ans » comme le précise encore Atlantico.

Par ailleurs, les GSM ont introduit le besoin d’une réponse immédiate. Si celle-ci ne vient pas, l’inquiétude monte directement d’un cran.

La surprotection est aussi dangereuse

La surprotection se distingue de la protection par le fait qu’elle introduit la peur. Elle ne rassure en rien. Au contraire, elle fait naître des craintes qui n’ont pas lieu d’être. En donnant une vision trop négative des choses, le parent va transformer son enfant en un être craintif, peu sûr de lui et incapable de se projeter dans l’avenir.

En claquemurant leurs enfants à l’intérieur, les parents oublient pourtant les dangers beaucoup plus concrets qui se cachent à l’intérieur des maisons. Par exemple les dangers physiques, comme les risques de brûlures, ou mentaux, comme l’ennui et un certain sentiment d’abandon, sont des réalités qu’on ne peut ignorer. Mais aussi l’échec scolaire. Un enfant qui doit rester à l’intérieur un mercredi après-midi ou le week-end risque de perdre très rapidement toute motivation. Un enfant est en effet un être relationnel qui a besoin d’interaction pour apprendre et évoluer. Laissé dans son coin, il s’étiole rapidement.

Homogénéisation de l’éducation

Mais ce changement ne serait pas seulement dû à une certaine vision du monde inculqué par les médias qui nous bombardent d’informations qui réveillent nos angoisses. Il y a aujourd’hui une espèce de réglementation sociale qui édicte de façon presque dictatoriale ce qui est bon ou mauvais pour l’enfant. Une homogénéisation de l’éducation qui va catégoriser par tranche d’âge ce qui est permis ou non. Noyés dans ce carcan, les parents en oublient souvent les caractéristiques propres de leur enfant et surtout ce que leur souffle leur instinct. Avant de jeter son enfant à tous les vents, ce n’est pas tant l’âge qui rentre en compte que la relation que l’on a avec ce dernier. Peut-on lui faire confiance (est-il capable de dire quand il a besoin d’aide par exemple), est-il suffisamment débrouillard et, surtout, en a-t-il lui envie, sont autant de questions à se poser. Faire de son enfant un acteur d’un « contrat de confiance », par exemple en lui demandant d’envoyer un SMS pour signifier qu’il est bien arrivé, facilitera également la construction d’un lien de confiance mutuelle.

Florence Millot précise tout de même qu’avant ses 12 ans, un enfant aura naturellement tendance à se poster devant la télévision et les jeux vidéo lorsqu’il est livré à lui-même.

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