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Les lacunes persistantes du cadastre des médecins

François Remy
François Remy Journaliste

En dévoilant les améliorations apportées au cadastre dynamique des médecins attendu pour la mi-2015, la ministre de la Santé publique a mis en avant d’indécrottables manquements.

Plus que trois mois. Si tout se déroule comme l’a annoncé Maggie De Block, en juin prochain, le cadastre dynamique des médecins verra le jour. Cet inventaire des médecins actifs croisera enfin les données de la banque fédérale des professionnels de soins de santé (jusqu’ici le seul outil employé par la Commission de planification de l’offre médicale) avec les prestations dans le cadre de l’assurance obligatoire et ce que la Banque Carrefour de la sécurité sociale appelle en bon français la datawarehouse marché du travail et protection sociale, où sont notamment intégrées les statistiques de l’ONSS et de l’Inasti.

Reste à découvrir la précision de ce nouvel outil censé refléter plus fidèlement la pratique de terrain. Car le précédent brouillon du cadastre faisait abstraction de plusieurs paramètres importants (lire Les oublis assumés du cadastre).

On souhaiterait que le prochain réponde à toutes ces questions de pénurie, de réorganisation d’hôpitaux, de prévention, en affinant ses statistiques et corrigeant ses lacunes. Le SPF Santé publique y travaille depuis 9 mois maintenant, préparant, analysant et ajustant les dernières données reçues en juillet.

La ministre de la Santé a récemment levé un coin du voile à la Chambre. Elle a indiqué que ce fameux cadastre dressera un bilan pour chacune des 37 spécialités médicales, en ventilant les données par tranches d’âge de 5 ans, selon le genre, la nationalité par groupes d’origines (en provenance du nord, sud, est et ouest de l’Europe), le domicile, la répartition entre secteurs hospitalier et ambulatoire et le nombre d’ETP s’y rapportant.

L’ensemble de ces variables a été validé par des groupes de travail qui se sont réunis entre décembre 2014 et février 2015 et la Communauté française en a été informée au cours d’une audition au Parlement wallon.

Autrement dit, le cadastre ne reflète toujours pas l’activité de terrain puisque les lieux de pratique n’y sont pas repris au nom de la protection de la vie privée. Il ne traduit pas non plus l’évolution du temps de travail des médecins: à l’approche de la retraite, lèveront-ils le pied avant de passer le flambeau à la génération montante? « Pour cela, il faudrait des enquêtes dont le coût serait disproportionné par rapport à leur usage« , a estimé Maggie De Block.

Insatisfaisant

Il convient de souligner que le cadastre dynamique permettra de jauger l’activité salariale, le cumul des activités et la part des ETP dans les secteurs. Mais ces temps pleins restent calculés théoriquement au lieu de les baser sur les prestations répertoriées. « Une telle méthode n’a encore jamais été développée. C’est un travail considérable qui est presque terminé et je ne vais donc pas décréter maintenant qu’il faut encore y ajouter une variable« , a insisté la ministre.

Manifestement peu convaincues par ces détails, les députées Anne Dedry (Groen) et Muriel Gerkens (Ecolo) ont déposé une motion de recommandation invitant le gouvernement à intégrer dans le cadastre des données actualisables telles que le nombre de consultations, le temps consacré à des activités non curatives, les lieux d’activité réelle avec les part-time correspondant ou encore la projection de changements de prestations. « L’objectif est d’améliorer la connaissance de l’offre de soins ambulatoire et hospitalière par zones géographiques « , concluent les parlementaires.

En synthèse, le cadastre dynamique ne semble toujours pas implémenter la variable la plus déterminante, celle des besoins.

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