« Les implants fessiers ne sont pas un investissement dans l’avenir »

« Ils veulent une nourriture et une contraception saines, mais pour eux, les interventions cosmétiques sont aussi banales qu’une visite chez le coiffeur. Je peux comprendre que des jeunes modifient des parties du corps qu’ils n’aiment pas », écrit notre consoeur de Knack Ann Peuteman. « Pas qu’ils se conforment à un idéal de beauté vite oublié. »

« Pour mes lèvres », répond-elle. Nous bavardons après une conférence à l’université. Elle étudie le droit et à ses heures libres elle bosse dans une supérette pour mettre de l’argent de côté. Je lui demande si c’est pour s’acheter une voiture, ou faire un grand voyage. Non, elle veut une lipoplastie. Je n’en reviens pas. Qu’une future juriste trime pour des fausses lèvres, et en parle comme si c’était la chose la plus normale du monde, je trouve ça surprenant.

Comme j’ai un adolescent à la maison, je tombe souvent sur des émissions de téléréalité. Récemment, j’entendais un garçon dire à une très jolie fille qu’il venait de rencontrer « C’est ton vrai derrière ? », une phrase qui ne l’a même pas étonnée. Leurs modèles, Kylie Jenner en tête, ne cachent pas qu’ils transforment leur corps. Il y a aussi toutes sortes de blogueuses, vlogueuses qui indiquent en passant « qu’elles veulent transformer leurs lèvres et se faire injecter du Botox « . Comme s’ils passaient chez le coiffeur pour un nouveau look.

Rien d’étonnant donc à ce que la chirurgie esthétique ait le vent en poupe dans le monde entier. « Un derrière plus volumineux, un regard plus jeune ou des seins plus ronds sont très populaires comme cadeau de dix-huit ans », expliquait une chirurgienne esthétique il y a quelques semaines à la télévision néerlandaise. À une époque où tant de jeunes ne jurent que par le bio pour leurs nourriture, maquillage et contraception cela reste étrange. Mais manifestement, on passe très vite du detox au Botox.

Je ne suis pas contre la chirurgie cosmétique en soi. Je peux même comprendre que certaines personnes – quel que soit leur âge – soient vraiment malheureuses de la taille de leur nez, la position de leurs oreilles ou le volume de leurs seins. Et certainement depuis que ces opérations sont moins drastiques qu’avant. Et autour de moi, je vois de plus en plus de femmes et d’hommes qui tentent de défier la fuite du temps à coup d’injections de Botox, de fillers et de blépharoplasties (NDLR : corrections des paupières). Ce combat me paraît perdu d’avance, mais ils font ce qu’ils veulent.

Les implants fessiers ne sont pas un investissement dans l’avenir

C’est autre chose quand de très jeunes gens utilisent ce genre d’interventions pour se conformer à l’idéal de beauté du moment. Non seulement parce que cela ne témoigne guère de confiance en soi ou de personnalité, mais aussi parce que les idéaux sont éphémères. Ou pensez-vous que dans dix ans le postérieur de Kardashian sera encore porté aux nues comme le summum du sex-appeal ? Quand j’étais jeune, mes actes n’étaient pas toujours très réfléchis non plus. Mais ces épisodes ne m’ont laissé que quelques souvenirs embarrassants, et pas un demi-kilo de fillers dans le corps.

« Je le vois comme un investissement dans l’avenir », m’explique l’étudiante en droit. En voyant le doute dans les yeux, elle m’a dit s’il y avait une personne qui devait cautionner cela, c’était moi. Parlait-elle de mon nez ? Ou des rides au coin de ma bouche ? Non, elle parlait de mes chroniques. « Vous croyez en la détermination de l’homme non ? Je pensais même que vous étiez favorable au droit à l’autodétermination. » Je suis restée bouche bée, et le Botox n’y est pour rien.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire