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Les facteurs psychologiques derrière les échecs à répétition du permis de conduire

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Georges Hoareau, moniteur d’auto-école depuis 40 ans, met son expérience au service des cas particuliers pour qui il est très difficile d’apprendre à conduire. Il a livré son expertise dans un entretien avec le blog  » À votre santé ! « . Résumé.

Comment peut-on expliquer que certaines personnes apprennent à conduire en 20 à 30 heures de cours, tandis que d’autres n’y arrivent pas au bout de 60 ou même 80 heures ? Selon Georges Hoareau, même si chaque cas est particulier, il existe un profil psychologique pour lequel l’apprentissage de la conduite est plus compliqué. Selon lui, il s’agit souvent de personnes très brillantes à l’école, mais qui ont peur « d’assumer les responsabilités inhérentes à la conduite, laquelle va inhiber le dispositif physiologique et psychologique de l’apprentissage ».

Autrement dit, ces personnes manquent de confiance en elles et en l’autre (soit dans ce cas-ci le moniteur). Elles ont du coup des difficultés à prendre des décisions rapidement quand elles sont sur la route.

C’est effectivement un cercle vicieux, selon le moniteur. Pour avoir confiance en l’autre, il faut d’abord avoir confiance en soi. « C’est un problème que de ne pas avoir confiance dans le moniteur parce que toute consigne ou tout conseil que donne celui-ci est alors systématiquement l’objet d’un conflit », explique-t-il.

L’élève préfère ne rien faire plutôt que prendre un risque mesuré par le moniteur de conduite. Il se met à demander « pourquoi » pour essayer de gagner du temps et gérer son stress. « Or, un savoir-faire s’apprend en faisant, pas en attendant ».

Pour apprendre à conduire, il faut également apprendre à repérer et à hiérarchiser « les indices » (les autres véhicules présents, les signaux, les marquages routiers, etc.) et à les confronter pour prendre une décision. Or, les élèves dont il parle n’arrivent pas à automatiser ce schéma.

Au lieu de hiérarchiser, les élèves en difficulté pensent que tout est important, sont hyper concentrés et n’arrivent pas à prendre une décision. Ils restent donc figés ou prennent des décisions tout à fait inappropriées.

Pour aider ces élèves en difficulté, Georges Hoareau commence par réinstaurer la confiance dans le moniteur. « L’élève doit se mettre en position d’accepter de se dire « si le moniteur me dit, alors je fais ». Sans faire semblant. Parce que, commencer par faire confiance au moniteur, c’est la condition sine qua non pour prendre confiance », affirme-t-il. « Mais cette confiance ne se décrète pas, elle ne peut émerger que d’une prise de risque. C’est à l’enseignant d’amener l’élève rapidement et sans tergiverser à faire des choses dont il ne s’estime pas capable, par exemple à accélérer franchement, à rouler à 100 km/h et à dépasser systématiquement les véhicules moins rapides, ou à s’insérer avec détermination dans un giratoire encombré ».

C’est à ce moment-là que le moniteur doit imposer son autorité pour faire passer un cap à son élève.

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