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Les enfants prématurés réussiraient moins bien dans la vie

Les enfants nés prématurément réussiraient moins bien économiquement dans la vie adulte, selon une étude britannique au long court portant sur environ 15.000 personnes.

On savait déjà que la prématurité était « associée à des difficultés en terme de développement cérébral » mais aucune étude ne s’était penchée sur les effets de la prématurité sur les conditions de vie économiques et sociales à l’âge adulte. Des chercheurs de l’université anglaise de Warwick à Coventry ont étudié les niveaux de qualification, niveaux de vie et emplois de 8.573 personnes de 42 ans nées (prématurément ou non) en 1958 et 6.698 autres nés en 1970. Préalablement, durant leur enfance, ceux-ci avaient passé des tests d’intelligence, lecture et math.

Sans surprise, les enfants prématurés avaient réalisé en moyenne de moins bons scores par rapport aux enfants nés à terme, comme d’autres études avaient déjà pu montrer. Le suivi de ces personnes une fois adultes et l’analyse de leurs conditions de vie ont permis de montrer que ces moins bonnes dispositions scolaires intellectuelles se traduisaient par des niveaux de qualification moindres et de moins bonnes situations économiques. Par exemple le nombre de travailleurs manuels était clairement supérieur chez les adultes nés prématurément que chez les autres. De même, les prématurés étaient plus souvent au chômage et déclaraient plus fréquemment avoir des difficultés financières.

Le groupe de chercheurs assure dans un article publié cette semaine dans la revue spécialisée Psychological Science que les effets de la prématurité sur « la réussite économique à l’âge adulte » se font sentir même si on tient compte de l’influence déterminante pour l’avenir des enfants du statut socio-économique des parents. « Cette étude montre un effet cascade où des capacités scolaires moindres après une naissance prématurée amène de moindres qualifications et à une moindre richesse à l’âge adulte », selon l’étude. « Ce qui est peut-être le plus surprenant c’est que la plupart des enfants étudiés n’étaient pas de grands prématurés mais seulement nés en moyenne cinq semaines avant terme. Pourtant nous retrouvons toujours cet effet à long terme », commente une des auteurs de l’étude, Maartje Basten.

Toutefois pour le spécialiste Olivier Baud de l’hôpital pédiatrique parisien Robert Debré, ces résultats ne sont pas vraiment « transposables aux prématurés d’aujourd’hui », plus nombreux mais bénéficiant parallèlement de meilleurs soins. « L’amélioration des soins actuels pourraient faire penser que nos prématurés actuels pourraient avoir moins de déficits (dans les performances cérébrales, ndlr) mais l’augmentation du nombre de bébés survivants après des complications graves pourrait au contraire aller dans l’autre sens », nuance-t-il pour l’AFP. Aujourd’hui, on estime qu’environ 15 millions de bébés naissent chaque année de manière prématurée, soit 11% du total des naissances. La prise en charge de la prématurité, en particulier la grande prématurité (avant 33 semaines de grossesse) s’est fortement améliorée dans les pays développés, mais le nombre de prématurés a lui aussi nettement progressé (de 7,2% des naissances en 1990 à 8,6% en 2010 pour les seuls pays développés).

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