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Le tabou de la mocheté et la discrimination sur le physique

Le Vif

Dans un monde où le paraître a pris de plus en plus d’importance, on tend pourtant souvent à ignorer la discrimination liée au physique. Ou comment le fait d’être, selon les standards, petit, gros ou tout simplement moche peut nous pourrir la vie et nous faire perdre jusqu’à 15% de revenus.

Jean-François Amadieu, professeur en sciences de gestion à la Sorbonne , met en avant le rôle de l’apparence physique dans la réussite sociale dans son ouvrage intitulé La société du paraître. Les gens qui sont en surpoids, ont un physique pas facile ou sont trop avancés en âge sont victimes d’une véritable discrimination. Sauf que ces derniers ne se manifestent que rarement puisque cette discrimination est taboue. Elle n’est jamais ouvertement affichée « parce que l’admettre est trop inconfortable pour une société dont l’égalité est une valeur centrale », dit Amadieu dans Slate.fr. La discrimination semblait auparavant cantonnée à des inégalités économiques, on assiste aujourd’hui à une discrimination sur ce qui forme l’identité de la personne, sur ce qu’elle est (petite ou grande, moche ou belle, grosse ou mince, vielle ou jeune,…) .

Être moche, plombe vos finances

La beauté est une monnaie sociale. Selon Daniel Hamermesh, un économiste américain, être beau permet de gagner jusqu’à 15% de plus par an. Cela permettrait aussi de trouver un conjoint qui gagne également mieux sa vie. Plus surprenant encore, aux États-Unis, être blond « génère un surplus salarial qui correspond à une année d’études supplémentaire, auquel s’ajoute le fait que les hommes mariés à une femme blonde gagnent 6% de plus que les autres », dit encore Slate. De même qu’un CV avec une photo avantageuse va obtenir plus de réponses, tant la beauté est associée à des stéréotypes positifs (sauf pour la rigueur et l’organisation qui sont plutôt associées aux physiques plus disgracieux). Tout comme les hommes grands sont plus associés aux leaderships et à l’autorité.

Selon Amadieu, lorsqu’on compare les niveaux de salaire ou les possibilités d’embauche, le physique aurait le même impact discriminatoire et écart salarial que ceux que l’on mesure entre les hommes et les femmes. Le problème de nombreuses études, dit encore Amadieu dans Slate, c’est qu’elles se concentrent sur une unique variable, ou une inégalité, alors que les individus sont en réalité une accumulation de plusieurs caractéristiques. Les caractéristiques perçues comme négatives peuvent s’additionner pour véritablement plomber socialement un individu. Ce qui fait que les personnes discriminées sur leur apparence physique ne peuvent en réalité que soupçonner la véritable raison de leur mise à l’écart.

L’inégalité de la loterie génétique

On a tendance à croire que la beauté est distribuée de façon équitable à travers les milieux. Selon Amadieu, ce n’est pas une réalité puisqu’au contraire l’apparence est fortement liée au milieu social. Les soins dentaires, un bon suivi médical qui empêche certains handicaps ou les pratiques alimentaires sont souvent liés au milieu dans lequel on évolue. Mais aussi par le fait que les gens « beaux » ont tendance à se marier entre eux et ont donc potentiellement plus de chance d’avoir de « beaux » enfants.

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