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Le safran, l’or rouge qui soigne

Muriel Lefevre

Si c’est l’une des épices les plus chères au monde, elle recèle aussi quelques vertus secrètes. Comme celle de lutter contre la dépression légère.

Le safran, ce trésor qui se cache au coeur de fleurs mauves qui ressemblent à s’y méprendre au crocus de nos jardins, se cultive principalement en Iran, mais aussi en Inde ou encore au Maroc. Cependant, d’où qu’il vienne, le safran reste un produit d’exception avec des tarifs pouvant aller jusqu’à 30.000 euros le kilo. Ces tarifs exorbitants sont en partie dus à l’ancestrale technique de récolte du Safran. Issue des stigmates d’une fleur qui se récolte à la main, la « cueillette » de l’épice ne peut en aucun cas être automatisée et demande délicatesse et précision. Un travail de titan lorsqu’on sait qu’il faut entre 200.000 et 150.000 fleurs pour obtenir un kilo de safran. Par ailleurs la récolte s’effectue sur un laps de temps très court, généralement entre la mi-octobre et la mi-novembre. À titre de comparaison, pour obtenir 6 kilos de safran, une vingtaine de personnes auront travaillé durant une quinzaine de jours.

Une épice bonne pour le moral

Au-delà de ses indéniables vertus culinaires, le safran est aussi connu depuis près de 3000 ans pour ses bienfaits thérapeutiques. L’or rouge est riche en safranol et en crocine, deux principes actifs qui jouent un rôle essentiel sur l’adrénaline, la dopamine et la sérotonine qui sont trois neurotransmetteurs qui régulent notre humeur. Des qualités intrinsèques qui ont poussé la société belge Pharco, spécialisée dans les produits médicinaux naturels délivrés sans ordonnance, à miser sur l’épice en la plaçant au coeur de son nouveau produit contre la dépression légère.

Que l’on s’intéresse à la baisse de moral des gens n’a rien de surprenant lorsqu’on sait que près de 12 % de la population belge a été traitée pour dépression l’année dernière et que près de 300.000 millions de doses d’antidépresseurs ont été vendues en 2013. Or, si des produits comme le Prozac ont démontré leur efficacité, ils restent des traitements médicamenteux lourds qui ont pour 30 % des patients de nombreux effets secondaires comme l’apathie et la perte de libido. Pour certaines dépressions légères, ces désagréments pourraient parfaitement être évités si l’on soignait ces coups de blues de manière naturelle selon les fondateurs de Pharco. « On ne parle pas ici de burn-out ou de dépressifs profonds, mais plutôt de ceux qui souffrent d’une légère et passagère baisse de moral liée à une rupture ou à une déprime saisonnière » précise François Motte cofondateur de l’entreprise. Pris lors d’un traitement ponctuel de trois mois, le ZafranPure, complément alimentaire non remboursé, permettrait selon le laboratoire « de retrouver sa bonne humeur sans effets secondaires ».

Une alternative pour commercialiser « au prix juste »

Des débouchés médicinaux qui pourraient aussi se révéler être une véritable bouffée d’air frais dans une culture fortement dominée par des intermédiaires et où le cultivateur ne touche qu’une infime partie du pactole que représente le commerce de cette épice. Achetée parfois seulement 1.500 euros le kilo aux cultivateurs, elle peut être vendue à la fin de la chaîne commerciale à plusieurs dizaines de milliers d’euros le kilo. C’est pour lutter contre cette exploitation et trouver des moyens de commercialiser leur produit au « prix juste » que 24 coopératives de safran du Haut Atlas se sont regroupées au sein de la Maison du Safran à Taliouine. Elles produisent pratiquement à elles seules les trois tonnes de safran du Maroc. À la recherche de safran pur pour en extraire les molécules, la firme belge a parfois du mal à trouver la matière première dans un marché ou 30 % de la production est polluée par des mélanges avec du curcuma ou du safran indien de moindre qualité. Se fournissant actuellement en Iran, zone politiquement sensible et sujette aux soubresauts, le laboratoire Pharco est à la recherche de nouveaux partenaires commerciaux qualitatifs et plus sûrs. Particulièrement intéressé par le safran produit par la coopérative, le laboratoire se dit prêt à développer leur collaboration auprès de la Maison du safran. Une piste qui, si elle se confirme, pourrait signer les débuts d’une belle collaboration belgo-marocaine.

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