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Le ghosting ou la rupture amoureuse sans explications

Le Vif

Le ghosting ou la disparition numérique semble être une nouvelle façon de rompre. Plutôt que de se fendre d’une quelconque explication, on se contente du silence. Un silence rendu assourdissant à l’ère du numérique.

Ce néologisme qui a fait sa première apparition dans les colonnes du New York Times au début de l’été signifie que l’on coupe tout contact avec la personne en planifiant sa disparation virtuelle. On filtre les appels, on ne répond plus au SMS, ni aux e-mails, ou encore on est éjecté du Facebook de l’autre. Le tout sans préavis.

Si une disparition brutale pour toute forme de rupture n’est pas une nouveauté dans les relations amoureuses, les nouveaux outils rendent tout cela beaucoup plus simple, puisqu’un click suffit. Un phénomène pas si anecdotique puisque selon un sondage effectué par Elle US 24,2 % des femmes et 16.7% des hommes « disparaîtraient subitement ». Un autre sondage effectué par le Huffington Post et YouGov affirme que 11% des personnes interrogées auraient déjà « fait le mort » pour mettre fin à une relation. À noter que le « ghosting » peut être acceptable, presque un accord implicite, en cas d’un unique rendez-vous avec quelqu’un rencontré sur internet.

Cette propension à éviter toute discussion trop émotionnelle serait donc encouragée par l’avènement des outils numériques qui permettent de communiquer beaucoup plus facilement, mais de manière superficielle. Comme l’explique Lisa Letessier, psychologue spécialisée en thérapie comportementale, dans Le Figaro : « Nous vivons dans une société du plaisir, les gens confondent souvent bonheur et hédonisme. On veut être heureux, il faut donc évacuer la moindre contrainte. Ainsi, dès que ça ne va pas dans le couple, on se débarrasse de la personne. C’est le paradoxe amoureux moderne : on veut construire un couple, mais on ne met pas l’énergie pour que ça fonctionne. »

Bien plus violent qu’une rupture « classique »

Alors, plutôt que de se rabattre sur le très éculé « Tu sais, ce n’est pas toi, c’est moi », on préfère aujourd’hui utiliser la méthode passive-agressive de l’évitement pour s’économiser toute confrontation. Seulement, ce mode de rupture qui consiste à laisser la personne sans nouvelles du jour au lendemain est beaucoup plus violent qu’une rupture classique. En effet, pas de discussion qui permet de comprendre et un sentiment de rejet d’autant plus cruel qu’il est possible de constater grâce aux mêmes médias sociaux que la personne continue de communiquer avec les autres. Tout cela rend la possibilité de faire le deuil de la relation beaucoup plus difficile et peut provoquer une vraie détresse émotionnelle. Voire une vraie psychose.

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