Selon les médecins, les plus jeunes sont davantage exposés aux risques d'un coup de tête pour leur santé. Tout le monde n'est pas d'accord. © Istock

Le coup de tête au football, trop dangereux ?

Stagiaire Le Vif

Faire une tête au football est-il forcément synonyme de risques pour le cerveau de nos jeunes ? En Flandre, on songerait à l’interdire pour les joueurs de moins de treize ans. Côté francophone, les avis sont plus nuancés, malgré la mise en garde du corps médical.

Interdire les coups de tête en football ? Autant demander à un boxeur de soulager les côtes de son adversaire. Le débat est en effet sensible, tant la pratique de reprendre le cuir avec le front fait partie intégrante de l’histoire du ballon rond. Le sujet a toutefois été remis récemment sur la table par Freya Saeys, députée Open VLD et médecin de profession, en interpellant Philippe Muyters, ministre flamand des Sports.

A la question de savoir si l’utilisation de la tête sur un terrain représente un danger pour le cerveau des jeunes joueurs, les avis divergent. Une législation existe déjà au niveau belge, avec un règlement appliqué pour l’ensemble des clubs de football. La réception du ballon avec la tête est ainsi fortement limitée pour les joueurs de moins de neuf ans, à qui l’on enseigne également la rentrée de touche par les pieds et non les mains.

« Non seulement la taille et le poids des ballons sont adaptés à l’âge des joueurs, mais en plus les entraineurs sont invités à développer la technique de la balle au pied et à n’introduire l’apprentissage du coup de tête que vers 15 ans, confirme Eric Etienne, le porte-parole de René Collin, ministre francophone des Sports, interrogé par Le Soir. C’est un principe de précaution. De toute façon, les enfants ne disposent pas d’une musculature suffisante pour correctement manier la technique de la tête. Cette formation ne présente d’intérêt qu’à l’adolescence venue. »

Et il n’est donc pas à l’ordre du jour de faire évoluer le règlement. « Nous ne disposons en effet d’aucune étude scientifique sur les conséquences chez les jeunes de coups de tête répétés sur un ballon. Et, empiriquement, nous n’avons observé aucun souci durant ces dernières décennies », confirme le porte-parole du ministre.

Un jugement que partage l’Union royale belge de football, par la voix de Christian Theus, responsable du service accidents ; « Si on veut interdire les coups de tête, autant interdire le foot. Comme le tacle, c’est l’essence même du football« .

Et pourtant. De l’avis du corps médical spécialisé sur la question des traumatismes crâniens, la notion de risque ne doit pas être prise à la légère. « Plus un enfant est jeune, plus conséquent est l’impact d’un choc sur son cerveau, commente à ce sujet le professeur Michaël Bruneau, directeur de clinique au service de neurochirurgie de l’hôpital Erasme, à Bruxelles. En effet, comparativement à un adulte ou à un adolescent, il présente une fragilité cérébrale accrue, d’autant plus qu’il est en plein développement. Il dispose donc d’un moins bon amortissement et d’une moindre résistance au niveau de la boîte crânienne. Dans ce contexte, un coup de ballon ou, pire, un coup de tête d’un autre joueur constituent un risque inutile à faire courir à des enfants qui s’adonnent à un loisir sportif, certes excellent pour leur santé. »

Guillaume Alvarez

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