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La santé au prix de la vie privée?

Même si les applications santé et les appareils destinés à mesurer les fonctions corporelles sont probablement bénéfiques, ils sont nocifs pour notre vie privée.

Ainsi, les vingt applications santé les plus populaires partagent leurs informations avec pas moins de septante entreprises commerciales. Les données qu’on mesure à l’aide d’une appli mobile ne sont jamais totalement privées. « Il faudrait une commission éthique qui décide du sort de ces informations et qui puisse attribuer des labels de qualité » déclare le généraliste Peter Willems. « Le but n’est pas qu’une entreprise vous envoie des brochures de fauteuils de relaxation si vos données révèlent que vous êtes fort stressé ».

Les compagnies d’assurance se régalent également de ces informations. Aux États-Unis, où les entreprises paient l’assurance maladie de leurs employés, elles ne l’ont que trop bien compris. Ainsi, la chaîne de supermarché Safeway suit la santé de ses travailleurs à l’aide de bracelets digitaux. « S’il y a un problème, l’employé en question est stimulé à modifier son comportement » explique la chercheuse Christel De Maeyer de la Haute École Artevelde à Gand. « S’il n’obtempère pas, il doit payer un surplus sur son assurance maladie. Il n’est pas impensable qu’à l’avenir les assureurs privés instaurent un tel système chez nous ».

Une prime d’assurance plus élevée en cas de mauvaises habitudes

Aujourd’hui, la compagnie d’assurance Axa offre déjà un podomètre et un cardiofréquencemètre gratuit à ses clients français. Koen Kas, oncologue moléculaire, n’y voit pas d’inconvénients. « Je trouve même que c’est une bonne idée » dit-il. Dès qu’un paramètre s’écarte de la norme, la compagnie d’assurance peut vous conseiller d’y remédier. En échange, vous pourriez par exemple payer une prime moins élevée ». Évidemment, l’inverse est possible aussi : les assureurs peuvent décider d’augmenter la prime si vous persistez dans vos mauvaises habitudes.

En Belgique aussi, certains employeurs commencent à utiliser des appareils de mesure. La chaîne de supermarchés Colruyt par exemple, a fait porter un bracelet digital à ses employés pour mesurer leur état de stress. Cette expérience a révélé que le travail à la caisse est moins stressant que ce qu’on pensait. En revanche, si une telle étude démontrait que certaines activités génèrent plus de stress, l’entreprise pourrait y remédier afin de faire baisser le nombre de burnouts parmi ses employés.

Revers de la médaille, ces appareils permettent aussi aux employeurs d’exercer un contrôle poussé sur leurs salariés. En ce moment, les entreprises n’obligent pas leurs employés à utiliser certaines applications, mais il faut s’interroger sur la pression subie. Que se passe-t-il par exemple si vous êtes le seul à refuser leur usage?

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