Image d'illustration © REUTERS

La quantité d’antibiotiques prescrits a augmenté ces dix dernières années en Belgique

La quantité d’antibiotiques prescrits a augmenté en Belgique ces dix dernières années, malgré les nombreuses campagnes d’information pointant les effets néfastes d’une utilisation trop intensive des antibiotiques, conclut une étude de l’Université Catholique de Louvain (UCL) publiée mardi.

Depuis les années 2000, les pouvoirs publics belges lancent chaque année, à l’automne, des campagnes d’information, avec pour objectif de sensibiliser le grand public aux effets nuisibles d’une utilisation intensive des antibiotiques. « Le but de ces campagnes est de diminuer la demande des patients et ainsi aider les médecins généralistes à ne pas prescrire », explique Paul Tulkens, professeur émérite du Louvain Drug Research Institute de l’UCL.

Pourtant, la quantité d’antibiotiques prescrits a continué d’augmenter, affirme le professeur. « Dix ans après la première campagne, nous sommes nulle part ».

Le chercheur et son équipe ont analysé les données fournies par l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami) concernant les quantités d’antibiotiques remboursés chaque année depuis 2000, sachant que tous les antibiotiques sont sous prescription et que la plupart des délivrances concernent des produits remboursés.

Il en ressort que de 2001 à 2013, la quantité totale d’antibiotiques distribués en Belgique a augmenté de 14%. A titre de comparaison, la Belgique utilise environ 3 fois plus d’antibiotiques en médecine non-hospitalière que les Pays-Bas, et cette situation est restée essentiellement inchangée entre 2000 et 2014.

La différence entre les Pays-Bas et la Belgique est due à trois facteurs, indique Paul Tulkens. « La première spécificité est que les Pays-Bas disposent de règles de prescription strictes et très suivies, ce qui n’est pas le cas chez nous. Par exemple, si le pharmacien trouve que la prescription du médecin peut être contre-indiquée ou est exagérée, il ne délivre pas le médicament et contacte le prescripteur ». La deuxième spécificité est que les Néerlandais n’accèdent pas directement à un médecin spécialiste mais doivent systématiquement passer par leur généraliste.

« Chez nous, si le patient n’est pas content de son généraliste qui refuse de prescrire des antibiotiques, il peut toujours aller ailleurs, chez un spécialiste ou éventuellement aux urgences ». Enfin, chez nos voisins, « on a tendance à prendre congé et à rester chez soi lorsqu’on est malade. Chez nous, il existe une pression sur le travailleur » qui pousse à consulter un médecin.

« Les campagnes de sensibilisation sont certes importantes mais l’on observe qu’elles n’ont qu’un effet réduit sur la quantité d’antibiotiques prescrite et n’agissent qu’à court terme. Or, nous sommes face à une problématique qui nécessite un changement de comportement radical et, surtout, quantitativement important, au risque de voir se développer des bactéries, donc des maladies, de plus en plus résistantes », conclut le professeur Tulkens.

Contenu partenaire