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La monogamie, gage d’une longue espérance de vie

Le Vif

Les femmes peuvent s’attendre à vivre plus longtemps que leurs compagnons, et cela se vérifie de par le monde, chez les humains tout comme dans le règne animal. Mais quelle en est la raison ? Des chercheurs de Cambridge et de l’Indian Institute of Science de Bangalore croient avoir trouvé la réponse.

L’espérance de vie ne fait qu’augmenter ces dernières décennies. Les enfants nés en 2012 vivront en moyenne six ans de plus que ceux nés en 1990, selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé. Et ce sont les femmes qui battent la plupart du temps les records de longévité, chez les humains tout comme dans le règne animal. Mais quelle en est la raison ? Des chercheurs de Cambridge et de l’Indian Institute of Science de Bangalore pensent avoir trouvé la réponse à cette interrogation, ils l’expliquent dans une étude relayée par The Economist.

Les deux scientifiques, Tim Clutton-Brock et Kavita Isvaran, sont partis du postulat que dans le monde animal, les femelles vivent plus longtemps que les mâles. Ces derniers doivent en effet rivaliser pour attirer l’attention des femelles, des efforts qui se feraient au détriment de leur espérance de vie. Les femmes courtisées, de leur côté, rencontrent moins ce problème.

Si cette théorie se vérifie, l’effet serait alors transposable à la plupart des espèces où les mâles se concurrencent pour attirer l’attention d’un grand nombre de femelles. Partant de cette idée, les scientifiques ont étudié les données de 35 espèces d’oiseaux et de mammifères monogames et polygames afin de démontrer que l’espérance de vie des hommes est plus faible pour les espèces polygames.

Leurs résultats, publiés dans Proceedings of the Royal Society, confirment cette idée. Dans 16 des 19 espèces polygames qu’ils ont étudiées, les spécimens mâles mouraient plus rapidement que leurs homologues femelles. Plus l’espérance de vie de ces espèces était élevée, plus l’écart entre l’espérance de vie des mâles et des femelles était important. Les scientifiques n’ont toutefois pas constaté d’équivalence dans les espèces monogames. Le Dr Clutton-Brock explique qu’un mâle qui possède un harem de 10 femelles, est confronté à la concurrence des neuf autres mâles, qui essayeront de conquêrir son harem au moindre signe de défaillance. Cette pression quotidienne implique que les mâles ne peuvent être dominants que pendant une ou deux saisons d’accouplement seulement.

Transposé aux humains, le fait que la polygamie était autrefois courante dans le passé et au cours de l’évolution humaine (et encore de nos jours dans certaines sociétés) explique, pour le Dr Clutton-Brock, la plus grande espérance de vie des femmes. «  Les féministes n’apprécieront certainement pas cette idée, mais il se pourrait que ce soit le prix que les femmes aient payé pour vivre plus longtemps que les hommes« , conclut The Economist.

L’espérance de vie en quelques chiffres

Une fille née en 2012 pourra atteindre l’âge de 73, tandis qu’un garçon ne dépassera pas les 68 ans. Géographiquement, l’Islande est le pays où les hommes vivent le plus longtemps, tandis que les femmes à la plus longue espérance de vie se trouvent au Japon. En moyenne, les femmes vivent cinq ans de plus que les hommes. Ces données sont différentes que l’on vive dans un pays riche ou en voie de développement. Si l’on tient compte seulement des pays riches, l’espérance de vie des hommes et des femmes passe à respectivement 76 ans et 82 ans. C’est respectivement 16 et 19 années de plus que pour les hommes et les femmes des pays en développement où l’espérance de vie moyenne est actuellement de 60 ans pour les hommes et 63 ans pour les femmes. Les Belges vivent en moyenne 80 ans, ou 78 ans pour les hommes et 83 ans pour les femmes.

Source: OMS

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