© Getty Images/iStockphoto

L’obésité pourrait être contagieuse

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

L’excès de poids se transmet-il entre proches ? D’après une récente étude, il s’agit d’un phénomène de contagion particulier.

Considérée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme un « facteur de risque majeurs pour un certain nombre de maladies chroniques, parmi lesquelles le diabète, les maladies cardio-vasculaires et le cancer », l’obésité n’est pas qualifiée de maladie en soi. Mais selon une récente étude américaine, publiée dans la revue JAMA Pediatrics, l’excès de poids pourrait revêtir un caractère contagieux, qu’on pourrait qualifier de « contagion sociale ».

Pas une première

Ce n’est pas la première fois que cette idée de « contagion » de type sociétal est soulevée par la communauté scientifique. Cette théorie avait déjà été établie par le passé par le Dr. Nicholas Christakis (Yale) et James Fowler (UC San Diego). Ils avaient démontré que des phénomènes comme la consommation de tabac, le sentiment de bonheur ou encore le risque de divorce semblaient se propager plus facilement entre individus proches et/ou d’une même communauté. Et l’obésité était d’ailleurs une des premières contagions sociales identifiées. Dans une étude publiée en 2007 dans la revue New England Journal of Medicine, les chercheurs expliquaient que si un proche (ami, frère, soeur, conjoint) devenait obèse pendant un certain temps, les chances pour qu’on le devienne aussi augmentaient de 37% à 57%.

Mais dans cette étude, les résultats pouvaient également être expliqués par le fait qu’on a tendance à fréquenter des gens nous ressemblent. Ou que les personnes qui se trouvent dans un même environnement subissent les mêmes influences et réagissent de la même manière. Que se passerait-il alors si on assignait des personnes au hasard, ou du moins sans tenir compte du critère « poids », à des endroits présentant des degrés d’obésité variables ? C’est à cette question qu’a tenté de répondre la nouvelle étude.

Influence de la communauté

L’analyse a été menée sur 1.519 familles de militaires, affectées dans des bases à travers les Etats-Unis et vivant dans des régions avec des taux d’obésité plus ou moins élevés. Les scientifiques ont récolté les données sur la taille et le poids des enfants et des parents et ont mené questionnaires et examens. Ils ont également tenu compte de la prévalence à l’obésité dans les différents comtés. Les chercheurs ont pris en compte un large panel de critères, comme l’âge, le sexe, la race, le niveau d’éducation, le revenu et l’environnement (possibilité de faire du sport, supermarchés de qualité…). Selon les résultats obtenus, les familles assignées aux bases militaires dans les communautés à fort taux d’obésité étaient plus susceptibles d’être en surpoids ou obèses que les autres.

Ashlesha Datar, économiste à l’Université de Caroline du Sud et auteure principale de l’étude, confirme : « inconsciemment, vous êtes affecté par ce que font les gens autour de vous. » Elle l’explique par une forme d’influence sociale, qui peut être forte : « si vous déménagez dans une communauté où la vie sédentaire est la norme, vous le ferez aussi ». Malgré ses limites, les auteurs pensent que leur étude démontre l’existence de l’influence sociale et que cette explication pourrait s’étendre à d’autres phénomènes de société.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire