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L’efficacité des masques antipollution remise en question

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Les masques antipollution sont aujourd’hui un véritable business. Et un indispensable pour certains utilisateurs désireux de se protéger contre la pollution. Mais offrent-ils vraiment les bénéfices sanitaires qu’ils promettent ?

Les piétons et cyclistes des grandes agglomérations sont de plus en plus nombreux à utiliser un masque pour se préserver de la pollution lorsqu’ils se rendent à l’extérieur. L’offre commerciale de ce type de produits est d’ailleurs grandissante et de plus en plus diversifiée. Une promesse : filtrer la pollution respirée par l’utilisateur, notamment les particules fines, et protéger sa santé.

Enjeu sanitaire majeur

Parmi les polluants, on retrouve les particules fines, contre lesquelles le masque promet de lutter. Ces dernières pénètrent profondément dans les poumons et le système cardiovasculaire, provoquant des maladies comme des bronchites chroniques, des pneumonies, des cancers du poumon ou encore des AVC.

Un enjeu majeur et on ne peut plus actuel quand on sait que la pollution de l’air est pointée comme étant responsable d’environ 7 millions de décès prématurés chaque année, selon les dernières estimations publiées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Si ces statistiques comprennent aussi bien la pollution intérieure que la pollution extérieure, l’OMS estime que neuf personnes sur dix respirent un air pollué, surtout dans les régions les plus pauvres du globe.

Laboratoire vs. conditions réelles

Peut-on dès lors diminuer les risques en arborant un masque antipollution ? Selon l’Agence nationale française de sécurité sanitaire (Anses), les données scientifiques sont à ce jour encore insuffisantes pour en recommander officiellement l’utilisation. Elle ne conteste pas son utilité absolue, mais plutôt son efficacité réelle. « L’expertise a révélé l’insuffisance de données disponibles attestant d’un bénéfice pour la santé (…) notamment en conditions réelles d’utilisation », explique l’Agence dans son rapport qui évalue les bénéfices sanitaires de ces dispositifs. Les masques antipollution donnent en effet de bons résultats lors des tests en laboratoires, en ligne avec les promesses du produit, mais cela ne reflète pas son efficacité dans la réalité.

Si les conditions lors des tests sont optimales, de nombreux facteurs influencent son efficacité sanitaire sur le terrain. On peut notamment citer le mauvais ajustement du dispositif par rapport au visage, l’absence de formation et un manque d’information auprès de l’utilisateur, une activité physique intense, etc. Ces causes diminuent l’action de l’équipement. « Si ces écarts peuvent être plus ou moins maîtrisés en milieu professionnel, cela n’est pas garanti pour le grand public », avertit l’Anses.

Faux sentiment de protection

L’Agence pointe également un « faux sentiment de protection » dû au port de ce type de masques, qui pourrait entrainer un comportement où l’utilisateur, se sentant protégé, aurait tendance à se surexposer aux polluants. De plus, la majorité des masques étudiés par l’Anses et vendus sur le marché français ne ciblent pas les substances à l’état gazeux, comme l’oxyde d’azote émis notamment par la circulation automobile, précise Sciences et Avenir.

L’Agence incite dès lors les pouvoirs publics à agir à la source, en limitant au maximum les émissions de particules et substances polluantes, et en informant la population sur les risques et les comportements à adopter pour se prémunir contre la pollution.

Différents types de polluants

L’air peut contenir de nombreux polluants, qui ont chacun des conséquences néfastes sur la santé et/ou l’environnement. Le site du SPF Santé publique en détaille quelques-uns :

  • Le monoxyde de carbone (CO) : il provoque l’asphyxie, des troubles respiratoires et cardio-vasculaires.
  • Les hydrocarbures imbrûlés: ils font partie d’une catégorie plus large appelée « composés organiques volatils » (COV). Ils provoquent des cancers et participent à la formation d’ozone dans l’atmosphère.
  • Les oxydes d’azote (NOX) : ils provoquent des troubles respiratoires et cardio-vasculaires et participent à formation d’ozone dans l’atmosphère.
  • Les particules (PM, Particulate Matter) : elles provoquent des troubles respiratoires et cardio-vasculaires.
  • Le dioxyde de soufre (SO2) : il provoque une acidification perturbant la faune et la flore.

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