Chez la femme, les zones érogènes conservent leur potentiel, le clitoris demeure sensible et le potentiel orgasmique reste intact. © ISTOCK

L’amour continue après 50 ans

Entre un corps qui vieillit et le jeunisme ambiant dans la société, les personnes âgées ne se sentent pas toujours le droit de poursuivre une activité sexuelle telle qu’elles le souhaitent. Imprégnées de fausses croyances, elles risquent de s’en détourner. Et pourtant…

D’après l’Enquête de Santé menée par l’Institut de santé publique (ISP) de 2013, 74 % des hommes et des femmes de 55 à 64 ans ont eu des rapports sexuels dans l’année. Mais l’enquête ne mentionne aucun chiffre au-delà de 64 ans, contrairement à d’autres domaines (douleurs chroniques, santé mentale, consommation d’alcool, accidents, vaccination, etc.) où deux autres tranches d’âge sont ajoutées : 65-74 ans et plus de 75 ans. À croire qu’après 64 ans, il est difficile d’aborder la question, même pour un institut de santé publique… D’après l’ISP :  » Dans le module santé sexuelle de l’enquête de santé 2013, nous étions surtout intéressés par les facteurs de risque pour les maladies sexuellement transmissibles et par la contraception. Ces deux thématiques ne sont pas d’intérêt pour les personnes de plus de 65 ans et donc nous nous sommes limités à la tranche d’âge pertinente.  » Dommage, d’autant qu’en 2014, il était annoncé que les IST étaient en augmentation chez les plus de 60 ans (+7 % en Grande-Bretagne, selon The Independant (1)) ; les personnes séropositives vieillissent (et heureusement !) et avec l’âge, le système immunitaire s’affaiblit face aux autres bactéries, virus ou parasites.

Passer outre les préjugés !

Mais revenons à l’essentiel de notre sujet : non pas les risques, mais l’Amour…  » De fausses croyances circulent autour de la sexualité des personnes du 3e âge : ‘Ca ne se fait pas’, ‘c’est terminé pour eux’, ‘le corps n’est plus séduisant’, ‘le physique ne suit plus’, ‘ils n’ont plus besoin de ça’… Ces messages sont véhiculés par la société, et même par la famille, les enfants des personnes âgées. Et celles-ci les intègrent et pensent que la sexualité, ce n’est plus pour elles, malgré le désir qu’elles ressentent encore « , se désole Valérie Doyen, sexologue, conférencière et formatrice dans le cadre du certificat universitaire de sexologie clinique (UCL). Elle voit de plus en plus de personnes dites  » âgées  » en consultation et constate le besoin d’information en la matière.

L'amour continue après 50 ans

Il faut aussi ajouter à cela que les personnes âgées d’aujourd’hui ont grandi dans un tabou important pour ce qui concerne la sexualité.  » C’est pourquoi, étrangement, lorsque leurs propres parents décèdent, les personnes âgées pensent qu’elles peuvent se permettre de vivre plus librement, notamment en matière de sexualité. Imaginez une veuve qui a envie de refaire sa vie avec un homme : elle a peur d’être jugée parce qu’elle aura eu plusieurs partenaires dans sa vie et craindra le qu’en-dira-t-on. Et le fait qu’un sexologue lui en donne l’autorisation, reconnaisse son droit à avoir du désir, de faire l’amour la déculpabilise. C’est ce sentiment de culpabilité qui fait qu’elles en parlent peu, probablement « , confirme la sexologue.

Une nouvelle rencontre amoureuse

Certes, des changements physiologiques se produisent et compliquent l’acte sexuel :  » L’homme peut avoir besoin de plus de temps pour atteindre une érection suffisante, la femme peut ressentir de l’inconfort à la pénétration, ils peuvent éprouver des difficultés à bouger, voire des douleurs du fait d’arthrose, de hanche artificielle, etc. Il faut accepter ces changements. Même si la virilité est touchée au coeur, si la lubrification de la femme est plus difficile, il s’agit alors de trouver de nouvelles manières d’avoir une vie sexuelle avec son partenaire. Car chez la femme, les zones érogènes conservent leur potentiel, le clitoris demeure sensible et le potentiel orgasmique reste intact. Chez l’homme, vu la diminution de la force d’éjaculation et la diminution du volume de l’éjaculat, la sensation orgasmique peut diminuer, mais elle est toujours présente. Ces modifications expliquent le fait que les personnes plus âgées ont besoin de davantage de stimulations avant la pénétration. Le savoir permet de mieux l’accepter et de chercher à deux les nouvelles manières d’avoir du plaisir.  »

Cela passe par plus de tendresse, de caresses… Il n’y a plus nécessairement la recherche ultime de la pénétration. Car la sexualité ne s’arrête jamais, mais peut se faire différemment.

L'amour continue après 50 ans
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Sexualité en maisons de repos

Telles qu’elles sont généralement conçues et organisées, les maisons de repos ne laissent pas beaucoup de place à la sexualité.  » Les personnes âgées comme n’importe qui ont besoin d’intimité. Mais c’est difficile en maisons de repos, avec le personnel soignant qui entre souvent sans frapper. Si les résidents sont occupés à s’adonner à un plaisir solitaire, le personnel se montre même choqué ! Il est important de former ce personnel à l’intimité, d’autant plus qu’ils sont dans l’intime, notamment du fait des toilettes… Si les résidents ont envie d’avoir un sextoy, de regarder des films pornographiques ou érotiques, c’est impossible. Et ne parlons pas de la possibilité d’avoir des relations sexuelles entre résidents !  »

Des solutions pourraient néanmoins être prises, comme des chambres de couples, pour les personnes qui se sont rencontrées en maison de repos ; des cartons  » Do not disturb  » pour leur laisser de l’intimité dans leur chambre ; la possibilité de rendre visite à un autre résident (mais les lits sont souvent d’une seule personne…). Certaines maisons de repos prévoient même une  » chambre d’amour  » !

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