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Il n’y a pas que le foie : tous nos organes souffrent à cause de l’alcool

Jan Stevens Journaliste Knack

Selon Hans Van Vlierberghe, spécialiste du foie, « en dehors de nos poumons, l’alcool endommage tous nos organes. »

L’alcool a systématiquement un impact négatif sur la santé, dit le Conseil Supérieur de la Santé et c’est pourquoi il préconise une interdiction de la publicité pour l’alcool.

« C’est une excellente chose », pour Hans Van Vlierberghe (UZ Gent), spécialiste du foie. Interview.

Le psychiatre néerlandais René Kahn va encore plus loin. Selon lui, chaque goutte d’alcool est nocive et donc dix unités par semaine, c’est dix de trop…

Hans Van Vlierberghe: Notre consommation d’alcool n’est certainement pas saine. Ce maximum de dix consommations prôné par le Conseil Supérieur de la Santé ne sort pas de nulle part. Mais c’est vrai : moins vous buvez, mieux c’est. Pour votre santé, neuf unités valent mieux que dix et huit, c’est mieux que neuf. Selon certains cardiologues, une consommation modérée d’alcool est bonne pour le coeur et les vaisseaux sanguins, mais des études récentes ont remis en question cette théorie. Ce dont nous sommes sûrs à cent pour cent, c’est que l’alcool a un effet toxique sur d’innombrables autres organes. En tant que spécialiste du foie, je vois tous les jours des patients souffrant d’une maladie du foie due à l’alcool. Ce ne sont pas tous des gens qui ont un problème d’alcool, j’en vois aussi ceux qui ne boivent que deux verres par jour, mais pendant des années. Un apéritif et un verre de vin avec leurs repas ont suffi pour, qu’au fil des ans, ils développent une maladie du foie tellement grave qu’ils sont aujourd’hui sur une liste d’attente pour une greffe.

C’est courant ?

C’est plus fréquent qu’on ne le pense. Bien sûr, tous ceux qui boivent quelques verres par jour ne souffrent pas d’une maladie du foie qui met leur vie en danger. Les gènes et les facteurs environnementaux jouent également un rôle. Par exemple, si vous êtes un buveur modéré, obèse et fumeur, le risque de maladie hépatique est plus élevé. Par contre, si vous êtes mince, sportif, soucieux de votre santé et en possession de  » bons gènes « , le risque de problèmes hépatiques est moindre en cas de consommation modérée.

Notre foie est-il l’organe qui souffre le plus parce qu’il doit décomposer l’alcool ?

En principe, oui, mais le foie n’est pas le seul organe intoxiqué par l’alcool: l’alcool est aussi partiellement décomposé par l’estomac. En dehors de nos poumons, l’alcool provoque des dommages à tous nos organes. Dans les cas extrêmes, cela peut faire lâcher les reins ou le coeur. L’alcool peut causer des problèmes au pancréas ou encourager le diabète ou l’ostéoporose. L’alcool augmente également le risque de cancer du sein, de tumeurs dans la tête, du cou et de l’oesophage. Une femme qui boit deux unités par jour à plus 20 % de risque de développer un cancer du sein.

Si j’ai un ami qui organise une soirée de dégustation de whisky, je dois passer mon tour ?

La bière ou le vin peuvent être particulièrement savoureux et la consommation d’alcool en société a aussi une fonction sociale. La question est la suivante : jusqu’à quel point voulons-nous nous priver de ce « bonheur » pour notre santé ? Assister à une dégustation de whisky une fois par an n’aura pas trop d’influence. Par contre, consommer de l’alcool tous les jours ou toutes les semaines, cela a un effet négatif. La toxicité d’un produit dépend des quantités ingérées. Et comme nous ignorons à partir de quelle quantité c’est réellement toxique, il vaut mieux en consommer moins que trop.

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