« Il est grand temps de réaliser qu’on est souvent plus sous pression chez soi qu’au bureau »

Aujourd’hui, les gens qui travaillent dur et qui font un burn-out font l’objet de compréhension, mais ceux qui n’arrivent plus à gérer leurs obligations privées sont regardés de travers. « Il est grand temps d’apprendre à dire non chez soi aussi », écrit notre consoeur de Knack Ann Peuteman.

« En fait, je préférerais continuer à travailler et ralentir sur le plan privé. » Au milieu d’une interview pénible au sujet de son burn-out, un témoin lâche cette phrase. Un burn-out classique, a jugé le médecin avant de lui délivrer un certificat. Elle doit se reposer pendant trois mois. Au moins. Initialement, elle pensait que c’était une bonne idée. Mais en restant chez elle, elle a constaté que le problème n’était pas son travail. Au contraire. Au travail, elle avait des points de repère, elle contrôlait son agenda et éprouvait un sentiment de satisfaction. Ce qui l’avait vraiment épuisé, c’étaient toutes les tâches et obligations avant, pendant et après les heures de travail. Faire des courses, accompagner sa mère malade au centre de revalidation, conduire les enfants à l’entraînement de volley et à l’école de musique, faire des tartes aux pommes pour la fête de l’école, s’occuper d’un ami dépressif, lire des romans pour son club de lecture et se rendre au fitness. Toutes des tâches pour lesquelles il n’y a pas de certificat médical.

Si à l’heure actuelle, on bénéficie de compassion et de sympathie quand on fait un burn-out parce qu’on travaille trop, on est regardé de travers quand on ne s’en sort plus sur le plan privé.

Elle est loin d’être la seule qui ne se heurte pas à ses limites dans son travail, mais bien à la maison. Beaucoup de gens ont appris à ne pas avoir trop de pain sur la planche au boulot, mais il semble que ce soit beaucoup plus difficile en dehors des heures de travail. Ils fournissent des efforts permanents pour être le parent et le partenaire parfait, enrichir leur culture, bouger régulièrement, entretenir leur maison et être disponibles pour leurs amis qui ont besoin d’aide ou de conseils. Et parfois, c’est tout simplement trop, mais on ne peut surtout pas l’admettre. Si à l’heure actuelle, on bénéficie de compassion et de sympathie quand on a un burn-out parce qu’on travaille trop, on est regardé de travers quand on ne s’en sort plus sur le plan privé. Non, cette année, je ne couds pas de costume de carnaval pour les enfants. Non, je ne me vois pas aider à monter la tente pour la fête des scouts. Non, je n’ai pas vraiment pas le temps de corriger la lettre de candidature d’un ami. Pourquoi avons-nous tant de mal à faire passer ces messages ?

Parce qu’on a honte et on se sent coupable. Surtout parce que les autres semblent capables de faire toutes ces choses. Sans effort apparent. Donc on préfère inventer un boniment : un enfant malade, une réunion inattendue, une voiture en panne. Tout plutôt que d’admettre que vous n’avez pas le courage de conduire une bande de petits footballeurs bruyants au tournoi ou de cuisiner pour quelques couples d’amis. Celui qui dit honnêtement qu’il veut passer quelque temps sans personne d’autre chez lui que les membres de sa famille et ne veut aller nulle part semble rapidement asocial ou au moins un brin léthargique.

Pourtant, nous devrions tous nous montrer un peu plus compréhensifs, et communiquer honnêtement quand on a besoin d’une pause. À une époque où on est parfois plus sous pression chez soi qu’au travail, il n’y a pas de quoi avoir honte. Comme une amie surmenée me disait il y a quelque temps : « Au bureau, il y a la comptabilité qui se charge des factures, un directeur de personnel qui recueille les employés qui ont des problèmes et un service de nettoyage qui entretient mon bureau. Grâce à cela, je peux me concentrer sur mon travail. Mais pas à la maison. Là, je joue le rôle de cinq chefs de service en même temps, et il n’y a personne à qui je peux déléguer. »

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