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Hôpital du futur: Quelles innovations pour demain ?

Le Vif

Prévention, diagnostic et traitement à domicile… Depuis que la santé est passée en mode connecté, les patients n’ont jamais été aussi émancipés. Cap sur ces nouvelles innovations où la généralisation de l’intelligence artificielle devrait bouleverser les pratiques.

L’homme bionique est en marche depuis le premier pacemaker, créé en 1957. Avec le temps, le panel de prothèses, de dispositifs médicaux, d’applications et d’appareils mobiles d’e-santé s’est considérablement élargi. Désormais, ces objets permettent de contrôler sa glycémie, son pouls, sa pression artérielle, son sommeil et même de décoder son ADN à moindre coût. Cette course en avant n’a pas fini de s’arrêter… Car si la médecine et les technologies du vivant s’unissent pour soulager chaque jour davantage nos maux, elles éveillent en même temps des possibilités de soins hybrides, de plus en plus éloignés des hôpitaux.

 » Actuellement, près de 80 % du corps humain (organes, muscles et articulations) pourraient être remplacés par des dispositifs de technologies médicales « , confie Marnix Denys, directeur de beMedTech, la fédération qui représente les intérêts des fabricants, importateurs et distributeurs de dispositifs médicaux en Belgique. Prothèses de hanche, implants mammaires, valves cardiaques… ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. Ces dispositifs intègrent aussi les lentilles oculaires ou encore les appareils électromédicaux comme les scanners, IRM, échographes, etc.

Et, depuis peu, deux nouvelles branches prennent de l’ampleur : les technologies médicales connectées – utilisables à la maison – et les outils d’aide et d’analyse au diagnostic in vitro.  » Ces appareils offrent un suivi médical  » sur mesure  » ou permettent de développer, avec de plus en plus de précision, le génotype de chaque individu. Plusieurs années avant qu’il ne développe une maladie, explique Marnix Denys. Et d’ajouter : les évolutions technologiques sont telles qu’il devient possible de  » réparer  » de plus en plus les patients à la carte. Et même à distance.  »

Médecine prédictive

L’homme a appris à réparer l’homme en explorant deux voies principales, biologique et technologique. L’électronique et l’informatique viennent désormais épauler les équipes médicales. Ingénierie neuronale, imagerie médicale, implants… Dans toutes ces disciplines, le progrès des connaissances a été foudroyant et les facteurs limitants n’ont cessé de reculer. Si bien que les soins de santé se dirigent enfin vers cette médecine prédictive longtemps fantasmée. Mais à un prix : les soins deviennent l’affaire prioritaire d’entreprises comme IBM, Google ou Apple.

La maîtrise de l’intelligence artificielle leur permet déjà de fournir des analyses et des diagnostics en temps réel.  » Mesurer sa pression sanguine, son rythme cardiaque, sa température sur une longue durée donne de précieuses indications à la médecine. Au lieu d’un cliché sur l’état du patient au moment de la visite médicale, on disposera bientôt d’un flux continu de données « , souligne Mario Huyghe, directeur de Philips Benelux. De géant de l’électronique, le groupe néerlandais a d’ailleurs changé de cap il y a quelques années pour devenir une véritable healthcare company.

Avec l’essor des objets connectés, les systèmes de santé s’importent à la maison. Désormais, les données relatives à l’état du patient ou au fonctionnement d’un implant peuvent être transmises directement au médecin qui les reçoit par mail, sms ou via une application, après traitement par un serveur central.  » Les multiples capteurs que nous utiliserons permettront de mesurer les plus infimes variations de notre état de santé. Ce monitoring permanent de soi-même remplacera le check-up ponctuel grâce à l’analyse continuelle de l’état de santé « , prédit Mario Huyghe .

Des capteurs pour saisir la plus infime variation de l'état de santé.
Des capteurs pour saisir la plus infime variation de l’état de santé.© philips

Résultat : l’hôpital remplira bientôt une autre fonction puisque de centre global de soins, il deviendra un élément de la chaîne décentralisée des soins de santé. Ce changement est déjà à l’oeuvre :  » Le nombre d’hôpitaux va diminuer. C’est irrémédiable car, en Belgique, le politique a choisi de faire passer le nombre d’hôpitaux d’une centaine aujourd’hui à quelque 25 réseaux intégrés, confie Mario Huyghe. On privilégiera les soins à domicile, lesquels deviendront moins coûteux, surtout grâce à la technologie mobile.  » De plus en plus nombreuses sont d’ailleurs déjà les pathologies soignées en hôpital de jour.

A l’échelle nano

Pour l’heure, l’innovation technologique se focalise sur la miniaturisation et la simplification des systèmes. Cela va de l’utilisation des nanotechnologies, en particulier comme vecteurs de transport des molécules, au développement de la télémédecine. Via sa division Verily Life Sciences, Google travaille par exemple sur des lentilles de contact intelligentes, conçues pour mesurer en continu le sucre contenu dans les larmes, grâce à un capteur, une puce et une batterie miniaturisés à l’extrême. Elles pourraient changer la vie des personnes diabétiques, aujourd’hui contraintes de se piquer plusieurs fois par jour.

Google développe aussi des nanoparticules pour traquer les cellules cancéreuses, bien avant l’apparition du moindre symptôme. Une fois leur cible repérée, ces  » nanovigiles  » donnent l’alerte en émettant un signal fluorescent capté par un bracelet. Des  » nanosoldats  » pourraient ensuite être envoyés pour détruire les cellules malignes. Demain, des capsules intelligentes diffuseront dans l’organisme la quantité adéquate de médicaments. Des puces implantées sous la peau fourniront des informations fiables sur l’état du patient au cours d’une hospitalisation.  » Chaque traitement sera taillé sur mesure en fonction des caractéristiques des patients. Le croisement des big data avec les données personnelles du patient écrira un protocole adapté à chaque situation « , conclut le CEO de Philips.

Par Dorian Peck.

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