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Faut-il s’inquiéter si un enfant devient végétarien?

Le Vif

Votre ado a décidé de ne plus manger de viande, vos petits-enfants reçoivent une alimentation strictement végétarienne… Y a-t-il de quoi s’inquiéter ? Absolument pas ! Un tel régime peut être parfaitement sain, même pour les plus jeunes.

Sans être forcément ravis que leur enfant leur annonce qu’il ne veut plus manger de viande, la plupart des parents ne cherchent plus non plus, de nos jours, à le faire changer d’avis à tout prix. Le végétarisme est en effet trop bien implanté pour continuer à se heurter à une telle opposition : rares sont désormais les familles ou les cercles d’amis où tout le monde mange de la viande, les restaurants et cantines proposent de plus en plus d’options  » veggie  » et des initiatives comme la  » journée sans viande  » connaissent un succès grandissant.

Mais est-il vraiment opportun d’imposer ce régime aux plus petits ? Trouveront-ils dans leur alimentation tous les nutriments dont ils ont besoin ?

Variez les plaisirs

D’après Fien Louwagie, Community Manager du mouvement EVA (Ethisch Vegetarisch Alternatief), cela ne pose aucun problème.  » Je comprends ces inquiétudes, mais une alimentation végétarienne peut être parfaitement saine, même pour les plus petits. L’idée que la viande serait indispensable au cours de la croissance est un malentendu qui a la vie dure. L’American Dietetic Association, l’organisation la plus influente au monde dans le domaine de l’alimentation, confirme qu’un régime végétarien ou même végétalien bien équilibré peut être nutritionnellement adapté et parfaitement sain pour les enfants. C’est dans ce caractère ‘bien équilibré’ que réside ici la nuance essentielle, car le végétarisme va évidemment bien au-delà d’une simple suppression des produits carnés. Stricto sensu, se nourrir exclusivement de frites aussi est un régime végétarien… mais ce n’est évidemment pas sain pour autant. La règle fondamentale est de varier le contenu de son assiette. Cela vaut du reste pour tout le monde et à tout âge, mais c’est particulièrement important pour les enfants.  »

Des substituts à part entière

La viande est notamment une source de calcium, de fer, de zinc et de protéines. Autant de nutriments importants, mais qui se retrouvent également dans certains aliments d’origine végétale. Les fruits secs, légumes verts et laitages végétaux enrichis, par exemple, sont riches en calcium, tandis que les légumineuses, les pommes de terre et les légumes à feuilles (brocoli, salade de blé, chou frisé, épinards…) sont d’excellentes sources de fer. Pour le zinc, pensez notamment aux noix, graines, flocons d’avoine et céréales complètes. Quant aux protéines (végétales), elles se retrouvent notamment dans les produits du soja, les substituts de viande et, là encore, les légumineuses.

Si cette liste vous donne le tournis, rassurez-vous : apporter à votre enfant une alimentation végétarienne équilibrée est bien moins compliqué qu’il n’y paraît. Si vous lui proposez abondance de légumes assortis de féculents divers (pommes de terre, pâtes, semoule, quinoa) et d’un apport quotidien de produits protéinés (par exemple à base de soja ou de légumineuses), vous ne pouvez pas beaucoup vous tromper. Pensez aussi à incorporer davantage de graines dans vos préparations et à prévoir de temps en temps un en-cas à base de noix ou de fruits secs, et le tour est joué !

Des (grands-)parents inquiets

Silke Desaever, diététicienne spécialisée notamment dans l’alimentation végétarienne et végétalienne, le remarque dans son cabinet : les jeunes parents sont de plus en plus nombreux à s’interroger sur ce type de régime.  » Les végétariens qui veulent élever leurs enfants dans le même esprit ont besoin de quelques conseils, voire de dissiper des doutes instillés par leur entourage qui se demande s’il est judicieux de priver complètement les jeunes enfants de viande et si cela ne risque pas de les exposer à des carences en fer ou à des problèmes d’anémie. Mais ce n’est pas le cas, pour autant que l’alimentation soit équilibrée. S’il est question d’un bébé encore nourri au biberon ou au sein, nous examinons ensemble comment procéder pour la suite. S’il mange déjà du solide, nous partons du schéma alimentaire existant : quelle est sa composition, quels nutriments sont présents en suffisance, que faudrait-il encore un peu renforcer ? Je rassure aussi volontiers les grands-parents inquiets : lorsqu’elle est bien pensée, une alimentation végétarienne est même plus saine qu’un régime carné.  »

Végétalisme et vitamine B12

Mais quid des enfants soumis à un régime végétalien qui, contrairement au végétarisme, exclut également des produits d’origine animale tels que le lait ou les oeufs ?  » Là, c’est une autre paire de manches, nuance Silke Deschaever. Les végétaliens s’exposent à une carence en vitamine B12, seul nutriment qui ne se retrouve que dans les produits animaux mais qui joue un rôle important dans la production des cellules sanguines et le fonctionnement du système nerveux. Certains aliments sont enrichis artificiellement en vitamine B12, notamment des produits à base de soja (laits, puddings, yaourts, etc.), des céréales pour le petit-déjeuner et des jus de fruits. C’est évidemment une bonne chose, mais la vitamine B12 est très difficilement assimilable par l’organisme et il faut donc en consommer beaucoup pour atteindre les doses journalières recommandées. C’est pourquoi je conseille toujours aux végétaliens d’en prendre un supplément et d’en donner à leurs enfants afin de ne prendre aucun risque. Une éventuelle carence peut en effet ne se manifester qu’après plusieurs années, à un moment où il y aura parfois déjà des dégâts physiques irréparables, par exemple au niveau du système nerveux. Mieux vaut donc prendre ses précautions !  »

Substituts de viande

L’éventail des substituts de viande disponibles en grande surface s’est énormément développé ces dernières années : des nuggets aux burgers en passant par le haché, les cordons bleus, les saucisses et les boulettes. C’est évidemment bien pratique pour les végétariens et végétaliens… mais aussi pour les  » flexitariens « , les personnes qui choisissent de limiter leur consommation de viande à quelques jours par semaine. Ici aussi, veillez à varier suffisamment vos choix.  » Alternez par exemple les substituts de viande et les légumineuses, le seitan, le tempeh ou le tofu, qui sont tout aussi riches en protéines et beaucoup moins caloriques, souligne Fien Louwagie. Ces boulettes et nuggets, c’est bien sympa de temps en temps… mais pas besoin d’en manger tous les jours.  » Ces substituts de viande permettent en effet de varier les plaisirs, mais ils sont aussi souvent bourrés de graisses et d’hydrates de carbone – sans compter qu’ils absorberont également une partie de la graisse de cuisson, en particulier lorsqu’ils sont panés. En ce qui concerne la teneur en fer, elle varie beaucoup d’un produit à l’autre : alors que les substituts à base de soja et de froment en contiennent beaucoup, ce n’est pas du tout le cas de ceux qui sont produits à partir de champignons, de levures ou de bactéries, comme le quorn. Mieux vaut alors tabler sur des légumineuses, des céréales complètes ou un oeuf.

Plus d’informations

ParaNombre de sites consacrés au végétarisme ou au végétalisme proposent des informations, conseils et recettes végétariennes adaptées à tous les âges, ainsi que des recommandations nutritionnelles spécifiques pour la grossesse et l’allaitement. Citons notamment ceux de l’association végétarienne belge Vegetik, de l’initiative  » Jeudi Veggie ou de l’Association Végétarienne de France

Par Carine Stevens

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