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Ebola en Afrique de l’Ouest, un effrayant virus tueur venu de loin

Le Vif

L’Afrique de l’Ouest fait face depuis plusieurs semaines à une épidémie de fièvre hémorragique en partie due au virus Ebola qui a fait plus de 110 morts, changeant les comportements et provoquant une mobilisation internationale pour enrayer sa propagation.

Le 20 mars, les autorités guinéennes ont annoncé qu’une maladie fébrile non identifiée déclarée en janvier dans le sud de leur pays y a fait plus de 20 morts, les poussant à envoyer des prélèvements pour examen dans des laboratoires de référence en France et au Sénégal.
Deux jours plus tard, les résultats des analyses révèlent la présence parmi les cas de fièvre du virus Ebola, hautement contagieux et mortel dans 25 à 90% des cas, découvert en 1976 au Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo).

En quelques jours, l’épidémie progresse du sud de la Guinée vers la capitale, Conakry, puis dépasse les frontières avec des cas suspects signalés dans trois pays voisins: Sierra Leone, Liberia, Mali.

Les tests au virus Ebola se sont révélés négatifs pour les cas suspects de la Sierra Leone et du Mali. La Guinée est la plus affectée par l’épidémie de fièvre hémorragique, avec 101 morts sur les 158 cas recensés. Au Liberia, selon le dernier bilan du gouvernement, il y a eu 12 morts sur 25 cas signalés.

En Guinée, les tests ont confirmé que 67 cas de fièvre sur les 158 étaient dus au virus Ebola. Au Liberia, cinq cas sur les 25.

Ce virus « se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages et se propage ensuite » d’homme à homme, « on pense que des chauves-souris frugivores (…) sont les hôtes naturels du virus Ebola », explique l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Il nexiste pas de vaccin ou de traitement spécifique contre la fièvre Ebola. « Cependant, si les patients reçoivent un traitement pour les infections secondaires et sont bien réhydratés dans des structures de santé adéquates, leurs chances de survie augmentent », souligne l’ONG Médecins sans frontières (MSF), très active sur le terrain.

Pour prévenir toute contamination, plusieurs pays ont élevé le niveau de surveillance sanitaire et pris une série de mesure, le Sénégal allant jusqu’à fermer le 30 mars ses frontières terrestres avec la Guinée, dans le Sud-Est, mesure toujours en vigueur vendredi.

Des dizaines d’experts et humanitaires ont été dépêchés en Guinée par plusieurs organisations internationales. Cette forte mobilisation s’explique par le fait que l’épidémie est « sans précédent », selon MSF, en tout cas préoccupante, selon plusieurs spécialistes. Pour l’OMS, « il s’agit de l’une des épidémies qui représente le plus de défis ».

La flambée « n’est pas encore sous contrôle a priori » et « il y a une grande dispersion des patients », a expliqué le docteur Sylvain Baize, chef du Centre national de référence (CNR) des fièvres hémorragiques virales de Lyon, qui a posé le diagnostic de l’Ebola en Guinée.

Contrairement à l’Afrique centrale, qui a connu des épidémies meurtrières depuis la découverte de l’Ebola, c’est la première fois que l’Afrique de l’Ouest est confrontée à une flamblée de cette ampleur.
La présence d’Ebola a poussé de nombreux Ouest-Africains à changer de comportements dans leurs routines sociales: ils se serrent moins les mains, ont réduit leur participation à certains évènements avec du public.

Dans certains pays, les habitudes alimentaires ont également changé. En Guinée, le gouvernement a interdit la consommation de chauve-souris jusqu’à nouvel ordre, et le Liberia a banni jusqu’à nouvel ordre toute consommation de viande de brousse.

En Côte d’Ivoire, frontalière de la Guinée, l’agouti – gros rongeur de brousse – et d’autres viandes de brousse ont aussi disparu des menus de plusieurs restaurants suite à des recommandations officielles, mais les consignes ne sont pas toujours respectées. Malgré l’épidémie, l’espoir est cependant permis: des malades d’Ebola ont été guéris et sont sortis d’isolement en Guinée.

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