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Dix conseils pour affronter le stress des examens

Stefanie Van den Broeck Journaliste Knack

Pour beaucoup de jeunes et leurs parents, une période stressante s’annonce: les premiers examens. Comment garder la tête froide ?

1. Combien d’heures par jour les élèves peuvent-ils étudier ?

Tommy Opgenhaffen (coach apprentissage à la Haute école d’Artevelde à Gand): Jusqu’à ce qu’ils connaissent ou maîtrisent la matière. C’est moins évident qu’il n’y paraît. Une étude révèle que les étudiants se surestiment souvent. Quand ils pensent maîtriser quelque chose, ce n’est généralement qu’à 80%. Un conseil : prenez une pause et ensuite révisez ces 20%. Pour beaucoup d’élèves, cela revient à une heure de plus.

Lieve Swinnen (psychiatre pour enfants): Pour la plupart des élèves, 20 heures est une belle heure pour fermer les livres, et se détendre un peu. Les premières années du secondaire, cela peut même être bien plus tôt. Le sommeil est primordial, car c’est alors que le cerveau archivant se met en route et que les connaissances se fixent dans la mémoire. À treize ans on conseille de dormir dix heures, à dix-huit ans sept à neuf heures suffisent.

2. Est-ce utile de réviser le matin?

Opgenhaffen: Reprendre tout le cours perturbe le cerveau, car on va se focaliser sur les petits détails. Cependant, il est utile de faire un schéma le soir, avec les grandes lignes du cours sur une page A3. De tête évidemment, pour savoir si on maîtrise le cours. Si vous relisez ce schéma le matin, tout vous reviendra en mémoire. Il est inutile d’encore tenter de bûcher de la nouvelle matière, vous n’arriverez jamais à l’assimiler.

Swinnen: La révision est une des meilleures méthodes d’apprentissage, donc ça ne peut pas faire de mal. Même si ce n’est pas ça qui fera la différence. Un solide petit-déjeuner est beaucoup plus important. Pour réfléchir, il faut de l’énergie.

3. Faut-il s’asseoir à côté de son enfant qui étudie?

Valérie Thomas (pédagogue, VUB): Cela dépend d’un enfant à l’autre. Certains enfants de douze ans sont déjà très indépendants, d’autres pas du tout. Si votre enfant est prêt, mieux vaut se tenir à l’écart. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez – certainement en première année de secondaire – vous asseoir à côté de lui. Mais essayez de stimuler votre enfant à devenir de plus en plus indépendant. Durant la première période d’examen, vous pouvez encore faire un planning ou un résumé ensemble. La deuxième fois, l’enfant devra le faire seul, mais vous pouvez le regarder ensemble.

4. Est-ce une bonne idée de faire réciter l’enfant?

Thomas: Certainement, à condition que votre enfant apprécie et que vous ne soyez pas trop pontifiant. Faites en sorte que ce soit aussi informel que possible, vous n’avez pas besoin d’organiser un examen à la maison. Mais cela vous permet de montrer que vous vous intéressez à ce qu’étudie votre enfant, et vous aurez une image de la façon dont votre enfant étudie : se focalise-t-il uniquement sur les connaissances littérales, ou est-il capable d’établir des liens ?

Opgenhaffen: Le problème, c’est que beaucoup de parents tombent dans les questions reproductives : « En quelle année est né Napoléon ? » Ils risquent de donner un faux sentiment de sécurité à leur enfant, parce l’enseignant recherche peut-être surtout la compréhension. Mais s’il informe à l’avance du type de questions, je ne vois pas de problème.

5. Quelles sont les erreurs typiques commises par les parents?

Opgenhaffen: Beaucoup de parents contrôlent trop, ce qui ne fait qu’éveiller la résistance des enfants. Et certains consacrent trop peu d’attention à la structure et à la régularité, même si les élèves sont parfois en tort aussi : ils font un bon planning, mais ne le partagent pas avec les parents. Ce qui fait qu’ils planifient une fête d’anniversaire alors que l’enfant voulait justement étudier ses mathématiques pendant cinq heures. Essayez d’éviter au maximum les activités chargées en période d’examen. Et s’il faut fêter un anniversaire, planifiez-le à temps.

Thomas: Beaucoup de parents se comparent à leur enfant étudiant. Ils ont peut-être eu une technique très fructueuse, mais ce n’est pas une raison pour l’imposer à leur enfant. Mais tout enfant est différent. Et il y a aussi des enfants qui aiment jouer à l’enseignant. Restez dans votre rôle d’accompagnement.

6. Où les enfants font-ils fausse route ?

Swinnen: La procrastination est une erreur fréquemment commise. On apprend en révisant beaucoup, donc si on ne se met qu’à étudier en dernière minute, on n’exploite pas cet avantage. Parfois, on réussit comme ça, mais qu’est-ce que cela vous apporte ? Le lendemain, vous aurez oublié la matière. Beaucoup d’élèves pensent aussi connaître la matière, mais ils la reconnaissent seulement. Et évidemment il y a aussi beaucoup d’élèves qui ne peuvent plus se concentrer parce qu’ils sont constamment stimulés par leur smartphone. À eux, je peux recommander la technique du ‘pomodoro’ : décidez quelle tâche vous voulez faire, mettez votre minuteur de cuisine sur 25 minutes, ensuite prenez 5 minutes de pause et recommencez. Après quatre « pomodoros » de 25 minutes, vous pouvez prendre une pause de 15 à 30 minutes. Mais pendant que vous étudiez, le smartphone, la tablette et internet passent à la trappe.

Pedro De Bruyckere (pédagogue, Haute école Artevelde Gand): Beaucoup d’élèves aiment les marqueurs fluo, mais ces derniers produisent l’effet inverse. Quand on indique quelque chose en fluo, cela demande beaucoup trop peu de réflexion. On retient où se trouvait la phrase, mais pas ce qu’elle était.

7. Que faire si votre enfant ne sait pas comment étudier ?

De Bruycker: Si un élève ne sait pas comment étudier la veille d’examen, il est déjà presque trop tard. Vérifiez des mois à l’avance si votre enfant a une bonne technique d’étude. Une étude révèle que la technique de récupération est une des techniques d’apprentissage les plus efficaces : fermez votre livre et tentez d’écrire un maximum de ce que vous vous rappelez. Inventer des questions et les noter sur des fiches est également très utile. Le matin de l’examen, vous pouvez en sortir quelques-unes au hasard.

Opgenhaffen: C’est important d’appliquer des techniques d’apprentissage actives: pas chaque fois relire ou réécrire votre cours, mais vous poser des questions, faire un schéma, expliquer la matière à quelqu’un d’autre… Peu importe la technique précise, tant qu’il y a de la réflexion. Il est également important de répartir ses moments d’apprentissage : mieux vaut étudier la matière en trois jours différents qu’en une après-midi. Ainsi, la mémoire a plus de chance de tout assimiler.

8. Quelle est la pause parfaite?

Swinnen: Beaucoup d’élèves se détendent en jouant des jeux vidéo, mais il y a des inconvénients. Le cerveau est fort stimulé, cela sollicite fort le cou et les épaules, et c’est difficile de s’arrêter. Une pause physique, une promenade ou une petite partie de foot par exemple, est plus efficace. En n’étant pas stimulé, le cerveau peut mieux assimiler la matière. Il faut connaître ses priorités aussi. On étudie d’abord, et on se détend ensuite.

9. Comment rebooster la motivation après un mauvais examen?

Swinnen: La reconnaissance est une première étape. Si votre enfant rentre déprimé, confirmez que c’est vraiment moche, un mauvais examen. N’allez surtout pas prétendre que vous l’aviez prédit, ou autre chose du même ordre. Ce n’est qu’après la reconnaissance que vous pouvez l’encourager, ou prudemment lui donner un conseil. Conseillez à votre enfant de se détendre un peu, et ensuite regardez ensemble comment réussir le prochain examen. Encore un conseil : préparez un vieux service et laissez votre enfant le casser en mille morceaux. Il n’y a rien de plus efficace.

10. Et que faire s’il est stressé par les examens?

Swinnen: Parlez à votre enfant de cette peur ou de ce stress, et partez à la recherche des véritables raisons. Ce n’est pas l’examen en lui-même qui stresse, mais les pensées autour. Mais ces pensées sont-elles vraies ? En tant que parent, on peut aussi rassurer son enfant : vous savez qu’il a fait de son mieux, que généralement il y arrive… Un peu de stress n’est pas mauvais, cela donne l’adrénaline supplémentaire pour prester un peu mieux, mais si le stress devient une constante, il n’est pas mauvais d’analyser calmement les véritables causes. Votre enfant n’est-il pas dans la bonne filière ? Ou pratique-t-il trop d’activités extrascolaires?

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