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Dépendance à l’amour: quand l’amour mène à un comportement obsessionnel

Stefanie Van den Broeck Journaliste Knack

Amoureux de vacances, flirts de festival ou beautés exotiques: pour beaucoup de gens, l’été est placé sous le signe de l’amour. La plupart du temps, cela reste innocent, mais pour certains ça dégénère en un comportement obsessionnel: la dépendance à l’amour.

« Je me suis retrouvée aux urgences parce que mon petit copain ne répondait pas tout de suite à mon message ». Voilà un titre d’article qui fait la joie des lecteurs de l’été. Un peu d’amour, un peu de sensationnel. La lecture idéale au soleil, un verre de sangria à la main. En juin dernier, le quotidien Het Laatste Nieuws reprenait une interview du site d’informations australien Whimn. L’écrivaine australienne Katy Moore y témoigne de sa gestion malsaine de l’amour et des relations. « Je poursuivais les hommes célibataires, j’étais distraite par les hommes mariés et j’utilisais le sexe pour attirer tout le monde, dans l’espoir qu’ils tombent désespérément amoureux. Alors que la seule chose que je voulais vraiment, c’était une connexion, peu importe avec qui. »

Moore se sentait physiquement malade quand des hommes l’ignoraient. La goutte qui a fait déborder le vase a été le moment où elle s’est retrouvée aux urgences. Et donc, la mort dans l’âme, elle s’est rendue à une réunion des Dépendants de l’Amour et du Sexe anonymes. Elle y a suivi un programme en douze étapes, y compris un mois d’abstention. Un mois sans contact du tout avec des hommes, pour ne pas flirter. Entre-temps, elle s’est débarrassée de sa dépendance, même si ça restera toujours une lutte, souligne Moore.

Sarah Hofman se reconnaît dans cette histoire. La thérapeute néerlandaise est spécialisée en dépendance de l’amour, et experte par son vécu. « Heureusement, c’était il y a longtemps, mais pendant sept ans, j’ai eu une liaison avec un homme marié. Au début, c’était très amusant et palpitant, sans plus, mais finalement, je me suis quand même mise à l’aimer. Je voulais le conquérir, et je faisais tout pour ça, cela devenait une obsession. Quand il était avec moi, je planais, mais chaque fois qu’il me blessait, j’avais comme une grosse gueule de bois. C’est très comparable de la griserie de la boisson et de la drogue. Chaque fois, on part à la recherche du prochain shot d’amour. »

Manque d’amour-propre

Quand Hofman a réalisé que quelque chose n’allait pas, elle a cherché de l’aide. « J’ai été voir différents thérapeutes, mais je ne me sentais comprise nulle part. À l’époque, la dépendance à l’amour n’était pas encore très connue aux Pays-Bas et en Belgique alors qu’aux États-Unis elle est reconnue depuis des années. On m’a même dit que je devais simplement rompre avec mon ami, mais c’était justement ce que je n’arrivais pas à faire. J’ai également été à une réunion des Dépendants anonymes à l’amour et au sexe, mais ce n’était pas pour moi. Donc je me suis mise à chercher. J’ai suivi toutes sortes de formations thérapeutiques et j’en ai sorti ce qui m’aidait, pour pouvoir aider aussi les autres. »

C’est ainsi qu’elle a découvert que la dépendance à l’amour se produit surtout parmi les personnes qui ont peu d’amour-propre, qui ont été traumatisées dans leur enfance ou qui n’ont pas été assez aimées. « Elles se perdent tout à fait et deviennent totalement dépendantes de l’autre. C’est ce qu’on voit aussi auprès d’autres dépendants, qui se jettent sur la bouteille dans les moments difficiles. Les dépendants de l’amour ne pensent plus à leurs propres sentiments, mais s’adaptent totalement à leur amoureux. Souvent, ils sont inconsciemment à la recherche d’une figure de père ou de mère qui peut aider leur enfant intérieur blessé. Ou ils veulent inconsciemment devenir le père ou la mère de l’autre, pour se donner de la valeur dans la relation. »

Il est très souvent difficile de rompre cette relation malsaine, déclare Hofman. « Un dépendant de l’amour qui fait ça, souffre parfois d’effets de désintoxication physiques. Il y a différentes façons d’y travailler. Je travaille souvent avec une forme de thérapie de régression : on regarde ce qui ne va pas ici et maintenant, et on relie ces émotions à l’enfance. Ensuite, on les regarde avec les yeux d’adulte : comment aideriez-vous l’enfant de l’époque ? C’est ainsi qu’on apprend à ne plus être dépendant d’un partenaire pour résoudre ou oublier ses problèmes émotionnels. »

Contrairement aux alcooliques ou aux junkies, les dépendants à l’amour ne peuvent évidemment totalement renoncer à l’objet de leur addiction – l’amour. Ils restent vulnérables, explique Hofman. « Mais généralement, ce sont des personnes très aimantes qui ont un grand désir de connexion. Si elles arrivent à gérer leurs émotions fortes et apprennent à s’exprimer au sein d’une relation saine et adulte, c’est une grande force. »

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