Contre le diabète, surveillez votre tour de taille

Le Vif

Nous ne sommes pas égaux face au diabète, mais le tour de taille est un bon indicateur de risque. A l’occasion de la journée mondiale du diabète, ce 14 novembre, Martine Laville, professeure de nutrition à la faculté de médecine Lyon Sud-Université Lyon 1 et praticienne hospitalière aux Hospices civils de Lyon, explique comment la graisse abdominale peut entraîner le diabète.

Existe-t-il un lien entre le tour de taille et le risque de diabète?

Des études épidémiologiques ont démontré un lien entre l’accroissement du tour de taille et l’accroissement du risque de diabète de type 2 (insulino-résistant). En 1947, déjà, un médecin marseillais, Jean Vague, disait que les silhouettes de type « pomme » étaient susceptibles d’avoir du diabète. Il avait raison.
Pourquoi un ventre rond augmente-t-il le risque d’être diabétique?
Nous avons lié l’augmentation du tour de taille à la présence de graisse autour des organes internes, la graisse dite « viscérale », par opposition à la graisse « sous-cutanée », située sous la peau.
Et cette graisse « viscérale » serait une cause de diabète de type 2.

De quelle manière?

Il y a plusieurs mécanismes. La graisse viscérale peut infiltrer les organes comme les muscles, le foie et le pancréas. Dans le foie, les acides gras vont interférer avec l’action de l’insuline. Dans le muscle, une compétition s’installe entre les lipides et les glucides pour fournir de l’énergie au muscle. Donc on consomme moins de glucose.

Par ailleurs, les lipides infiltrés dans ces organes modifient la façon dont ils « traitent » l’insuline. Normalement, l’insuline se fixe à un récepteur et cela déclenche une série de réactions dans la cellule. Cette « voie métabolique » est bloquée par les lipides. On appelle cela la lipotoxicité. Dans le pancréas, le même phénomène peut ralentir la production d’insuline.

À partir de quel tour de taille faut-il s’inquiéter?

Le tour de taille est un critère simple. Aujourd’hui, les épidémiologistes avancent des chiffres comme 90 à 100 cm pour les hommes, et 80 à 90 cm pour les femmes.

Il existe donc d’autres facteurs à observer?

Le tour de taille peut être dû à de la graisse viscérale ou à de la graisse sous-cutanée. L’une prédispose au diabète, pas l’autre. Nous observons des personnes obèses ne présentant pas de graisse viscérale et pas de problème de diabète. Nos études montrent qu’il existe une grande inégalité dans notre capacité à faire de la graisse viscérale. Celle-ci se développe chez des personnes dont les tissus de graisse sous-cutanée présentent un défaut de stockage et sont incapables de s’étendre au-delà d’une certaine limite.

Comment savoir si on fait de la graisse viscérale ou de la graisse sous-cutanée?

L’imagerie est, bien sûr, réservée à la recherche. En routine clinique, le taux de triglycérides est un bon marqueur également, en lien avec le tour de taille. On parle de « ceinture hypertriglycéridique ».

Le diabète progresse dans la population. Comment l’expliquez-vous?

Le mode de vie est très certainement en cause. On s’intéresse de plus en plus au temps passé assis et à son influence sur le corps. Il est clair que l’activité, au sens large, est un bon moyen de limiter les risques. Il peut s’agir du mode de transport, de l’activité au bureau, des tâches ménagères et, bien sûr, du sport.

Propos recueillis par Olivier Monod

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