Carte blanche

Comment survivre (littéralement) à l’heure d’été?

Dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 mars, nous passerons une nouvelle fois à l’heure d’été. A deux heures du matin, une heure de sommeil nous sera purement et simplement subtilisée. Les conséquences en sont fatales pour certains. Mais, généralement, nous nous en tirons avec quelques jours de mauvaise humeur matinale. Sachez toutefois que vous n’êtes pas démunis face à cette malédiction.

La dose de désagrément que suscite chez vous le passage à l’heure d’été dépend de votre biorythme personnel. La petite heure de sommeil que nous perdrons ce week-end a un impact plus marqué chez les personnes qui sont plus du soir que du matin. En moyenne, il faut malgré tout environ une semaine pour qu’une personne soit totalement adaptée au nouveau rythme de sommeil. On a pu constater que les conséquences s’en font davantage sentir qu’on ne le pense généralement.

Une étude publiée dans l’American Journal of Cardiology révèle que le changement d’heure a parfois un effet mortel. Les scientifiques ont constaté que le risque de crise cardiaque, le jour suivant le passage à l’heure d’été, fait un bond de 71%. En Belgique, environ 15.000 personnes sont touchées par une crise cardiaque chaque année. Ce qui équivaut à une moyenne de 41 attaques cardiaques par jour. Si l’on tient compte de l’étude américaine, on peut donc s’attendre à 29 attaques cardiaques supplémentaires le 25 mars. L’effet se prolonge par ailleurs tout au long de la semaine suivant le changement d’heure. Le risque demeure 17% plus élevé que la moyenne annuelle, ce qui correspond, en chiffres absolus, à un surplus de 49 attaques cardiaques.

Ce sont là des chiffres significatifs, mais qui n’ont rien de bien étonnant d’après les chercheurs: des modifications dans le rythme de sommeil peuvent en effet provoquer une augmentation de la tension artérielle et un déséquilibre hormonal. Le stress, lui aussi, joue vraisemblablement un rôle. Selon notre étude, le nombre d’employés qui font état d’un stress sensiblement accru le lundi suivant le passage à l’heure d’été est en hausse de 272% par rapport au lundi précédent. De même, le nombre d’employés souffrant d’un stress léger à modéré augmente le lundi suivant le passage à l’heure d’été: cela signifie que, ce jour-là, plus de 55% de toutes les personnes actives souffrent d’une forme ou d’une autre de stress, contre une moyenne de 49% les autres lundis.

Préparez-vous

Si vous ressentez systématiquement les conséquences du passage à l’heure d’été, vous avez tout intérêt à vous y préparer. Non pas que votre vie soit en jeu – cela n’ira pas jusqu’à cette extrémité – mais plutôt pour en minimiser l’effet le plus possible. Vous pouvez le faire en allant vous coucher un peu plus tôt que d’habitude, et ce, dès aujourd’hui et demain, et en vous levant un peu plus tôt de telle sorte que la différence soit moins brutale dimanche matin. Vous avez par ailleurs tout intérêt à sauter du lit dès que votre réveil a sonné et à vous plonger immédiatement dans la dose requise de lumière et de son. Ces stimulations activeront votre horloge biologique interne.

Même si votre coeur de lion est en parfaite santé et si un infarctus est le dernier de vos soucis, l’heure d’été peut malgré tout vous jouer quelques mauvais tours. Selon une deuxième étude, publiée dans la revue Sleep Medicine, le lundi 26 mars promet d’être un jour noir en termes de trafic. Le premier jour ouvrable suivant le passage à l’heure d’été est, en effet, marqué par un doublement du nombre d’accidents de la circulation.

Jetlag

Si nous appliquons, une fois encore, ce constat à notre petit pays, nous pouvons prédire que l’heure d’été sera responsable, lundi, de quelque 150 accidents supplémentaires, portant le total des victimes à 136, dont deux décès. Les chercheurs considèrent que la fatigue accrue de certains conducteurs en est la principale raison, même si l’obscurité, qui perdure soudain une heure de plus au petit matin, n’est sans doute pas étrangère à la situation.

Est-ce dès lors une bonne idée que de reporter de quelques jours, voire même d’une semaine, certaines tâches à risque? Les chiffres le suggèrent. On peut comparer l’effet du passage à l’heure d’été à un décalage horaire (jetlag). Quiconque a déjà pris l’avion à destination des Etats-Unis ou de l’Asie a sans doute déjà pu en faire la douloureuse expérience: l’impact d’un dérèglement du biorythme sur la concentration et le rythme de sommeil ne doit pas être sous-estimé.

Ceux et celles d’entre nous qui ont le coeur sensible salueront donc certainement l’abolition de l’heure d’été comme une bonne idée. Mais avant d’en arriver là, les petits conseils ci-dessus sont déjà une manière, pour chacun et chacune, d’en minimiser le plus possible les effets.

Par Edelhart Kempeneers, directeur médical chez Attentia

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