Comment réagir face à la piqûre d’une tique?

Au retour des beaux jours, les tiques aussi s’apprêtent à entrer en action ! Ces petits arachnides peuvent quelquefois être à l’origine de graves problèmes de santé… mais la panique de certains est-elle vraiment à la mesure du danger réel ?

Le nombre de morsures de tiques et de victimes de la maladie de Lyme est en augmentation, c’est un fait indéniable : alors qu’on dénombrait en 2003 quelque 10,8 cas de Lyme pour 100.000 habitants, ce chiffre était passé en 2009 à 11,5 pour 100.000. L’ampleur du problème reste toutefois difficile à mesurer, notamment parce que l’infection reste parfois asymptomatique, et que les plaintes provoquées peuvent être variées et vagues.

Selon certains, cette affection provoquée par la bactérie spiralée Borrelia burgdorferi représente une réelle menace pour la santé publique. Sans nier la gravité de ses complications possibles, il convient toutefois de garder la tête froide face aux histoires parfois abracadabrantes qui circulent à propos des tiques et des maladies qu’elles propagent…

Morsure, mais pas forcément infection

Certains vont immédiatement réclamer une prescription d’antibiotiques dès qu’ils aperçoivent l’ombre d’une tique. Une telle réaction de panique n’a pourtant pas lieu d’être, comme le conclut le projet néerlandais Tekenradar (littéralement « le radar à tiques »). Ses concepteurs invitent la population à signaler en ligne les morsures de tiques et les éventuels symptômes observés, photos à l’appui, mais aussi à expédier si possible la tique aux organisateurs. En 2012 et 2013 ont ainsi été récoltées près de 5000 tiques, dont 20 % étaient porteuses de la bactérie Borrelia. Un suivi prolongé des participants a toutefois révélé que 2 % « seulement » d’entre eux ont finalement développé une maladie de Lyme. Parmi ces personnes infectées, dans 80 % des cas, l’affection se limitait à l’éruption cutanée caractéristique, des symptômes plus sérieux n’étant donc observés que chez environ 1 patient mordu sur 5. La majorité des plaintes (91 %) se manifestaient endéans les trois mois.

En conclusion, on peut affirmer tout d’abord que nombre de tiques ne sont pas porteuses de la bactérie (mais nous ne disposons pas de données récentes pour la Belgique). Ensuite que la morsure d’une tique infectée ne provoque pas toujours – loin s’en faut – une maladie de Lyme. Après une morsure, 4 personnes sur 1000 seulement développeront des symptômes sévères.

Faire preuve de discipline

Le meilleur moyen d’éviter une contamination est de contrôler soigneusement la présence de tiques après chaque promenade dans une région à risque (le jardin ou le parc du quartier peuvent en faire partie !). Demandez éventuellement à votre conjoint de contrôler les endroits que vous ne voyez pas bien vous-même.

Même si vous avez bien été mordu, le risque de contamination reste très limité si vous avez repéré rapidement l’intruse. Un certain temps s’écoule en effet entre le moment où la tique s’accroche à la peau et celui où elle commence à se nourrir du sang de son hôte. Le danger est donc très faible au cours des 24 premières heures.

Pensez également à contrôler la présence éventuelle de tiques chez vos animaux de compagnie : si elles ne se sont pas encore accrochées à la peau, il est toujours possible qu’elles se déplacent vers un hôte humain ! À partir du moment où elles ont mordu l’animal, elles ne représentent par contre plus aucun risque pour l’homme.

Éliminer les tiques

Lorsque la tique s’est accrochée, il faut l’arracher… À ce propos, bon nombre d’histoires circulent sur les risques encourus lorsque cette opération n’est pas réalisée dans les règles de l’art. En réalité, nous ignorons quelle est la méthode la plus efficace et la plus sûre pour éliminer les tiques: il n’existe jusqu’ici aucune étude sérieuse à ce sujet. Rien ne prouve ainsi que les pinces spéciales soient plus efficaces qu’une pince ordinaire ! Une simple pince à épiler peut suffire : saisissez la tique au niveau des mandibules (elle n’a pas de tête) et tirez doucement jusqu’à ce qu’elle se détache. Si vous n’avez pas de pince sous la main, un fil (prélevé par exemple sur un vêtement) que vous enroulerez plusieurs fois à la base du parasite pourra également faire l’affaire.

Le prétendu danger des fragments de mandibules restés dans la plaie n’est pas davantage confirmé par la science. Ils finiront par se détacher avec les cellules mortes auxquelles ils sont accrochés. Lavez simplement le site de la morsure et contrôlez-le quotidiennement. Au moindre signe d’inflammation ou d’érythème migrant (l’éruption circulaire caractéristique qui s’étend de façon progressive), consultez votre médecin, qui évaluera la nécessité d’un traitement par antibiotiques. Il peut également être utile de consigner dans votre dossier médical le lieu et la date de la morsure, car cette information pourrait servir plus tard.

Un excellent porteur

Les tiques sont susceptibles de transmettre, via leur morsure, une foule de pathogènes : Rickettsia, Babesia, Coxiella ou Bartonella et les virus responsables de l’encéphalite à tiques. Les personnes qui cherchent des informations sur internet s’imaginent parfois que chaque tique est porteuse de l’ensemble de ces germes, mais ce n’est évidemment pas le cas. L’encéphalite verno-estivale, par exemple, ne se rencontre pratiquement que dans la « ceinture de l’encéphalite à tiques » (recouvrant l’Autriche, la Suisse, le sud de l’Allemagne, etc.). Il est recommandé aux personnes qui prévoient de faire de la marche ou du camping dans une région à risque de se faire vacciner.

Rickettsia, Babesia, Coxiella et Bartonella se rencontrent également en Belgique, mais principalement chez le bétail et les animaux domestiques. Il est exceptionnel qu’une infection soit signalée chez l’homme.

L’une des idées reçues les plus courantes à propos des tiques est qu’elles seraient capables de sauter sur leur victime depuis un buisson… alors que leurs pattes ne se prêtent absolument pas à ce genre d’exercice. Elles sont capables de ramper, mais pas de sauter ne fût-ce qu’un centimètre ! En général, elles grimpent sur des brins d’herbes ou de petits buissons (comme des bruyères) où elles attendent, pattes avant tendues, le passage d’un hôte potentiel auquel elles pourront s’accrocher. Et elles ne se laissent pas non plus tomber des arbres !

Maladie de Lyme chronique ?

On parle beaucoup ces derniers temps de la maladie de Lyme chronique : après une infection à Borrelia, certains patients présenteraient durant plusieurs années les manifestations les plus diverses, des troubles psychiatriques à la fatigue chronique en passant par la maladie de Parkinson, la polyarthrite rhumatoïde et même les troubles autistiques ! Si la maladie de Lyme est bien une pathologie complexe susceptible d’induire des plaintes très variées, ce tableau semble tout de même sérieusement exagéré. Il y a quelques années, ces pathologies ont été attribuées successivement aux pesticides, à la pollution, à des virus inconnus et au rayonnement électromagnétique.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire