Comment le plastique peut nous sauver des superbactéries

Le Vif

L’espèce humaine risque bien d’être confrontée à une pandémie provoquée par des bactéries de plus en plus résistantes. Mais Shu Lam, 25 ans, a peut-être trouvé la solution.

Selon les prévisions les plus pessimistes, près de 700.000 personnes meurent chaque année dans le monde suite à des infections dues à des bactéries résistantes. Un chiffre qui pourrait grimper jusqu’à plus de 10 millions de personnes d’ici 2050, soit autant que le cancer, selon une récente étude britannique. La recherche de nouveaux antibiotiques capables de venir à bout de bactéries de plus en plus résistantes est poussive. Ainsi, en 50 ans, « seules deux nouvelles classes d’antibiotiques sont apparues sur les marchés », car le retour sur investissement pour ce type de médicaments est insuffisant pour les laboratoires, a indiqué Mme Chan, la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « La situation est mauvaise et elle est en train d’empirer. Certains scientifiques parlent de tsunami au ralenti », a encore prévenu Margaret Chan. Au point « qu’il n’est plus rare de connaître quelqu’un qui a subi une opération de routine avant de mourir d’une infection contractée à l’hôpital. »

Une lumière d’espoir pourrait cependant venir des recherches de Shu Lam, une doctorante de l’université de Sydney. Elle pense que l’on peut combattre ces bactéries à l’aide de petits morceaux de plastique aussi appelé polymères.

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Dans une étude parue dans Nature Microbiology, Lam décrit comment ces polymères d’à peine quelques nanomètres et en forme d’étoile rentrent au coeur de la bactérie pour déchirer la cellule de celle-ci. Ce qui va amener la bactérie à s’autodétruire. La bactérie ne semble pas non plus pouvoir établir de résistance face à ce dernier. Par ailleurs, ce polymère est assez grand pour qu’il ne puisse pas s’introduire dans nos propres cellules. La chercheuse espère désormais insérer ces polymères très prometteurs dans une pommade antiseptique ou, au pire, de les administrer par injection ou pilule.

Si la technique inventée par la chercheuse est pleine d’espoir, elle ne pourra cependant pas soigner les hommes avant 5 ans dit encore Greg Qiao, le maître de stage de Lam. Pour Dubruel, chercheur en biomatériel à l’UGent interviewé par De Morgen, cette échéance est même très optimiste puisque le chemin de ratification est long et semé de contrainte. En effet, si créer des polymères est assez simple puisque, « les introduire dans le corps humain est une autre paire de manches » explique Peter Dubruel. Et l’on doit surtout s’assurer que ces polymères ne soient pas nocifs pour le corps de l’être humain.

Ce qui n’empêche nullement la recherche autour de l’adaptation médicale de polymères d’être très prometteuse. Des chercheurs de Gand planchent en ce moment sur une éventuelle application de cette matière pour des implants sur mesure en orthopédie (articulation), ophtalmologie (yeux) ou encore techniques cardiovasculaires (veines de synthèse). Mais aussi pour le combattre le cancer où certains médicaments peuvent être protégés d’une gangue de plastiques spécifique. Ce qui permettrait au traitement d’attaquer de façon très ciblée les cellules cancéreuses et d’éviter de trop contraignants effets secondaires.

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