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Ces transgenres qui regrettent leur opération

Muriel Lefevre

Changer de sexe est une opération délicate et particulièrement invasive. Mais que se passe-t-il lorsqu’on veut revenir en arrière se demande De Morgen.

L’UZ gent va s’occuper d’une personne transgenre qui regrette son opération. Elle est née homme, mais suite à un long processus s’est transformée en femme. Elle a subi de nombreuses opérations dans d’autres institutions pour parvenir à son but. Sauf qu’aujourd’hui elle regrette son choix et souhaite redevenir un homme. Elle a déjà repris une apparence masculine et a commencé à prendre de la testostérone. « C’est très exceptionnel », déclare le professeur Guy T’Sjoen, responsable du Centre de Sexologie et de Genre (UZ Gent) au quotidien. T’Sjoen n’a vu que deux cas similaires lors de ses vingt ans de carrière.

Des cas très rares, mais qui existent

On estime qu’il y a environ 30 000 personnes dans notre pays qui ne s’identifient pas complètement au genre qui leur a été assigné naturellement. Certains se contentent d’une transition sociale en changeant leur nom sur leur carte d’identité, d’autres effectuent une transition physique complète. Cette dernière catégorie est en hausse. Ce qu’on ignore par contre c’est le nombre de personnes qui regrettent leurs opérations. Chez nos voisins hollandais, il y aurait 6793 personnes qui auraient subi des opérations liées au genre et seul 14 regretteraient leur choix.

La transition légale

En Belgique, la législation impose un parcours et des actes médicaux précis aux personnes qui souhaitent changer de sexe. Ce parcours est encadré par une « gender team », une équipe médicale spécialisée. La transition légale est une procédure qui prend du temps puisqu’on estime qu’il faut entre trois et cinq ans. Le parcours légal commence par un suivi psychiatrique et psychologique pendant une année. Si l’avis est favorable, ces personnes commencent à suivre un traitement hormonal de substitution prescrit par un endocrinologue et qui devra être suivi à vie. Muni d’une attestation psychologique et celle fournie par l’endocrinologue, la personne transgenre va alors pouvoir introduire un dossier au SPF Justice pour demander son changement de prénom de naissance ou sa mise au féminin ou au masculin. Ce n’est qu’après deux ans et une consultation auprès d’un chirurgien qui estime les risques d’une réassignation sexuelle qu’une chirurgie peut être envisagée.

Ce changement d’avis serait-il dû à un suivi trop léger en amont ? Griet De Cuypere (UZ Gent), psychiatre et pionnière dans l’accompagnement des transgenres précise, toujours dans De Morgen, que les patients sont screenés de façon scrupuleuse et que la décision est toujours prise en accord avec le personnel médical et le patient. Mais voilà, il y a « des paramètres qu’on ne contrôle pas, comme la pression sociale. Je connais une femme transgenre qui avait subi une intervention chirurgicale et qui voulait vivre en tant que femme. Sauf que cette femme travaillait dans l’éducation et son choix n’a jamais été accepté. Face à tant de rejet, cette personne s’est re-masculinisé. »

Par ailleurs, certains patients sous-estiment aussi parfois l’impact des interventions. « Faire un nouveau vagin est presque devenu une opération de routine, mais pour la reconstruction d’un pénis, c’est beaucoup plus invasif ». Or l’attente envers les résultats d’une telle opération est très élevée, surtout en ce qui concerne les relations sexuelles. On oublie que cela ne reste qu’une reconstruction. Ainsi « un néovagin n’est qu’une membrane, de sorte que la personne en question devra toujours utiliser un lubrifiant », explique De Cuypere. « Tout comme aucun pénis reconstruit ne peut avoir une érection spontanée. »

La pression sociale et la déception peuvent donc pousser certains transgenres à regretter leur opération. Cependant, avec moins d’1% d’échec, le docteur T’Sjoen défie tous ses collègues médecins de faire mieux: « dites-moi un traitement où le taux d’échec est si bas, vous n’en trouverez pas. « 

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