Des nonnes qui sourient, image d'illustration © Reuters

Celui qui apprend à se connaître pourrait vivre deux ans de plus

Muriel Lefevre

Se laisser emporter par le tourbillon de la vie nuit à la santé. A contrario, celui qui vit une vie en accord avec ses propres choix vivrait en moyenne deux ans de plus. C’est ce qui ressort d’une étude au sein d’un groupe de nonnes.

Apprendre à se connaitre soi-même ne serait pas seulement un gage de sagesse. Ceux qui suivent cet adage vivraient aussi plus longtemps selon une étude publiée dans le Journal of Personality et reprise par De Standaard. Cette analyse se base sur les 176 textes autobiographiques écrits pour une étude au long cours sur le vieillissement au sein d’une communauté de nonnes américaines. Il en est ressorti que les nonnes qui avaient rejoint la communauté avec une conviction bien ancrée vivaient deux ans de plus que celles qui n’avaient pas réellement choisi d’entrer au couvent.

L’indice bonheur publié la semaine dernière ne disait rien d’autre: les gens sont plus heureux s’ils peuvent faire leur propre choix.

Et par propre choix, on entend ceux faits selon ses désirs et intérêts et pas ceux faits pour correspondre à ce qu’on attend de nous. « Cette étude de cette communauté de nonnes montre bien le lien qui existe entre santé physique et santé mentale », dit Bart Soenens, psychologue à l’UGent dans De Standaard. Les nonnes qui se montraient plus positives dans leur texte avaient en effet tendance à vivre plus longtemps. Vivre en harmonie avec soi-même est donc bon pour la santé mentale, mais aussi physique.

Choisir sa vie réduit le stress

Tout cela aurait beaucoup à voir avec la façon dont votre corps réagit au stress. « Celui qui a choisi son emploi produira moins de cortisol dans les situations de stress que celui fait ce travail suite à toutes sortes de contraintes extérieures », explique Soenens. « La pression artérielle aura aussi moins tendance à monter dans les tours. Les personnes qui ont l’habitude de faire leurs propres choix réagissent aussi différemment à des situations difficiles. Ils les verront plutôt comme un défi, et pas comme quelque chose d’oppressant. »

Ceci dit, les religieuses vivent une vie très différente de nos vies lambda. Peut-on donc conclure des généralités qui nous concernent tous des vies de ces religieuses aujourd’hui décédées ? Anja Van den Broeck, psychologue et professeur à la KU Leuven interviewée par le Standaard, trouve que oui. « C’est très intéressant que ce type de recherche se fasse chez des religieuses. Chacune ont, en théorie, le même nombre d’heures de sommeil, mangent la même chose, ne fument et ne boivent pas et peuvent consacrer du temps à l’introspection. Leurs vies sont si semblables que les différences étudiées à travers cette étude sont pertinentes.

On notera également qu’il n’est pas important de pouvoir choisir en toute liberté et à chaque instant de sa vie. Les nonnes abandonnent beaucoup de leur liberté quand elles rentrent au couvent. Certaines contraintes n’auraient donc que peu d’importance si, dans leur ensemble, elles sont en accord avec nos valeurs.

Tout le monde est-il capable de vivre selon ses propres choix?

« Le niveau distanciation face aux pressions de la société dépend de la personnalité de chacun », explique Bart Soenens. Mais il peut aussi s’acquérir au travers d’un travail sur soi qui permettrait de mieux se connaître et de déterminer les valeurs très personnelles qui nous animent. Cela explique aussi en partie pourquoi les personnes plus âgées se disent plus heureuses. Avec le temps, ils ont appris à se connaître et parviennent à accorder leur vie avec leurs valeurs. C’est cette même pleine conscience qui s’est révélée bénéfique pour les nonnes.

Apprendre à faire des choix par soi-même

Ce n’est pas faire un cadeau à ses enfants que de leur imposer ses valeurs et ses choix. Il faut au contraire apprendre aux enfants à construire leur propre réflexion. Qu’il n’y a pas d’urgence à trancher et qu’il est beaucoup plus porteur de prendre le temps d’élaborer leurs propres choix. Quitte à ce que ces derniers ne correspondent pas aux dictats du monde qui les entourent.

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