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Au Royaume-Uni, une « ministre de la Solitude » pour lutter contre l’isolement social

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Dans de nombreux pays, l’isolement social est un problème grandissant qui peut avoir des conséquences néfastes sur la santé. Pour pallier ce phénomène, le Royaume-Uni a nommé une secrétaire d’Etat pour se charger des personnes isolées.

Mi-janvier, la Première ministre britannique a ajouté un poste peu commun à son gouvernement : une secrétaire d’Etat chargée des personnes isolées. Theresa May a affirmé vouloir « prendre des mesures contre la solitude endurée par les personnes âgées, les aidants, ceux qui ont perdu des êtres chers – les gens qui n’ont personne à qui parler ». C’est Tracey Crouch, déjà chargée du Sport et de la Société civile, qui prendra en charge ce dossier. Un fonds dédié à cette large problématique, dont le budget n’a pas été précisé, sera également créé.

Cette idée avait notamment été initiée par Jo Cox, députée travailliste pro-Union européenne assassinée par un sympathisant néonazi en 2016. Militant pour que ce problème soit pris à bras le corps, elle avait alors constitué une commission parlementaire transpartisane sur le sujet. La fondation Jo Cox s’est félicitée de la nouvelle, expliquant sur Twitter que « Jo a vécu et observé la solitude tout au long de sa vie en particulier en tant que nouvelle étudiante à l’Université de Cambridge et séparée de sa soeur Kim pour la première fois » et qu’elle « serait ravie » de cette nomination.

Selon la Croix-Rouge, la solitude touche plus de 9 millions de personnes au Royaume-Uni. Une problématique qui touche largement les anciens, souvent isolés, mais pas uniquement. Selon une enquête menée en 2016 par Age UK, une association qui s’occupe des personnes âgées, quelque 200.000 personnes âgées n’avaient pas eu de conversation avec un proche depuis plus d’un mois.

Et en Belgique ?

Chez nous, une personne sur quatre souffre de solitude, peut-on lire sur le site de la Fédération Belge des Psychologues (FBP). Selon une étude de 2012 menée en collaboration avec l’université d’Anvers sur des Belges âgés de 18 à 79 ans, 15% déclaraient s’être déjà sentis « seuls » d’un point de vue social, 13% « très seuls ». Une tendance davantage constatée chez les 40-69 ans. Outre le facteur social, de nombreux Belges ressentent également une solitude émotionnelle et affective. Un phénomène davantage présent chez les femmes, que l’on pourrait expliquer par leur espérance de vie supérieure.

La solitude, mal du siècle

Ce problème sociétal peut avoir de grandes conséquences sur la santé des personnes concernées. Des chercheurs américains ont analysé 218 études pour comprendre les effets de l’isolement social sur la santé. Selon leurs conclusions, les personnes isolées ont un risque accru de mort prématurée de 50%, en comparaison avec celles qui ont une vie sociale active. Un risque bien plus élevé que celui de l’obésité, la consommation de tabac et le manque d’activité physique. Selon une récente étude, le sentiment d’isolement rend également les personnes plus malades.

La rupture se fait souvent à l’âge de la pension. En effet, nombreux sont ceux qui préparent leur retraite, notamment financièrement. Mais il serait aussi utile de la préparer socialement, car pour beaucoup de gens, l’essentiel de la vie sociale est connecté au travail. « Etre socialement connecté aux autres est largement considéré comme un besoin humain fondamental, crucial pour le bien-être et la survie », confirme Julianne Holt-Lunstad (Brigham Young University), meneuse de l’étude citée par The Telegraph. Et cette problématique ne concerne d’ailleurs pas que les personnes âgées. Selon les exemples cités par l’étude, les enfants qui n’ont pas ou très peu de contact humain présentent des difficultés de développement.

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