Une femme sort d'une rue qui est traitée contre les moustiques © Reuters

Au Brésil, la guerre contre le moustique, de porte en porte

Le Vif

Juliana Matuoka est fière de ses beaux bromélias, dans son jardin de Sao Paulo. Mais pour l’agent sanitaire qui inspecte les feuilles de cette plante tropicale, c’est sans doute le foyer idéal pour le moustique vecteur du virus Zika.

« Ici, il y en a un ! », s’exclame Marcio Hoglhammer, l’un des agents de l’Etat de Sao Paulo qui combattent le moustique Aedes Aegypti, transmetteur des virus de la fièvre jaune, de la dengue, du chikungunya et du Zika.

Bien que cela ne soit pas prouvé scientifiquement, le Zika est associé à une récente explosion de cas de microcéphalie et à une augmentation du syndrome de Guillain-Barré, une maladie neurologique.

Le Brésil est à ce jour le pays le plus touché au monde par l’épidémie de Zika, avec 1,5 million de patients.

Holghammer montre la seringue avec laquelle il a ponctionné l’eau stagnante dans les feuilles du bromélia et l’examine en contre-jour, avant d’expliquer à l’AFP : « J’ai trouvé une larve d’Aedes Aegypti, cette plante est un grand foyer » de prolifération.

« Si vous n’allez pas vous occuper de cette plante, je vous recommande de la remplacer par une autre, le moustique n’a pas besoin de forêts, mais de plantes spécifiques pour se reproduire », dit l’agent à la maîtresse de maison, Juliana Matuoka, convalescente après avoir attrapé la dengue fin janvier.

30% des foyers visités

Vendredi, un groupe d’agents municipaux accompagné de deux jeunes militaires a parcouru l’élégant quartier d’Alto Pinheiros, à l’ouest de Sao Paulo, pour entrer dans les maisons où les services de santé ont notifié des patients atteints de la dengue.

Ils veulent vérifier s’il y a de potentiels foyers de moustiques et conseiller les familles à combattre l’insecte.

Matuoka, propriétaire d’une galerie d’art de 43 ans, ignorait que ses bromélias pouvaient participer à l’épidémie de Zika, qui sème la panique sur le continent.

La présidente du Brésil Dilma Rousseff a promis de « gagner la guerre » contre le moustique, mais l’issue du combat dépend grandement de l’aide de la population.

Brasilia a annoncé la semaine dernière que 200.000 militaires seront mobilisés pour lutter contre le moustique Aedes Aegypti et l’effectif d’agents sanitaires est passé de 43.000 à 310.000 pour inspecter les domiciles.

Militaires et agents vont de maison en maison pour distribuer des tracts, sensibiliser et conseiller les habitants. Le ministère de la Santé a indiqué vendredi que plus de 30% des foyers brésiliens – environ 20,7 millions au total – avaient déjà été visités par des soldats et des agents sanitaires pour effectuer des contrôles et informer les habitants.

Holghammer a récemment réussi à visiter 300 maisons en une seule journée, a-t-il assuré à l’AFP. Mais, dans un pays de 204 millions d’habitants, en plein été tropical et avec des moustiques omniprésents, la fin de la bataille n’est pas en vue. « Je ne sais pas si nous allons avancer beaucoup », dit-il.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire