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Après une chirurgie gastrique, le taux de suicide double

Muriel Lefevre

Chez les patients qui ont subi un by-pass, il semble que le risque de suicide augmente de 50%.

Des chercheurs de l’Institut de recherche Sunnybrook à Toronto ont publié une étude dans la revue JAMA Surgery qui révèle que le risque de suicide augmente de 50 % chez les personnes qui ont subi une chirurgie gastrique, qu’on appelle aussi parfois le by-pass gastrique.

Le by-pass

Le by-pass est réalisé depuis plus de 20 ans et consiste à court-circuiter l’estomac en connectant directement le bas de l’oesophage et une petite partie du haut de l’estomac à l’intestin grêle. Ce qui fait que les aliments ne passent plus par l’estomac avant de rejoindre l’intestin grêle, mais par une minipoche gastrique de la taille d’une boule de ping-pong. Cette opération est très difficilement réversible et elle est réalisée sous anesthésie générale. Elle n’est conseillée que dans les cas d’obésité morbide et aux personnes ayant un IMC supérieur à 45.

Ces patients ont été suivis trois ans avant l’opération et 3 ans après. 158 d’entre eux ont tenté de se suicider et 111 ont fini à l’hôpital suite à leur geste. Soit 1.2% des patients. Si ce chiffre n’est pas spectaculaire, il représente tout de même un taux de 50 % supérieur aux chiffres ante opération. Des résultats inquiétants surtout qu’ils confirment une étude de 2007 qui annonçait des chiffres similaires.

Les complications postopératoires ne seraient donc pas que physiques. Comme le signale Lucie Favre, médecin-chef de la Consultation obésité du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) dans le journal suisse Le Temps : « La chirurgie par by-pass engendre une situation paradoxale. D’un côté, elle diminue considérablement les risques cardiovasculaires ou de cancer, mais de l’autre, elle augmente la morbidité par suicide des patients. »

En effet l’opération modifie radicalement la capacité d’absorption des aliments. L’un des exemples les plus flagrants est que les personnes ayant subi cette opération sont beaucoup plus vite dans une phase d’alcoolisation aiguë. Ainsi désinhibées, elles pourraient alors passer plus facilement à l’acte. Un autre exemple est celui des médicaments qui pourraient être moins bien absorbés. Ce qui n’est pas sans conséquence lorsqu’il s’agit d’un traitement pour des troubles psychiques.

Une autre raison invoquée pourrait être la déception devant les résultats. « Ceux qui ne changent pas leurs habitudes alimentaires reprennent leur poids après deux à trois ans ce qui correspond au pic de suicide. » précise encore Lucie Favre dans Le Temps. Il semble qu’un patient sur deux reste obèse après l’opération. Et les spécialistes de rappeler l’importance de la préparation et du suivi de patient, car, lorsqu’il s’agit d’obésité, c’est aussi une question de mental.

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