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Après Ebola, quelle vie pour les survivants ?

Stagiaire Le Vif

Fatigue, douleurs musculaires, problèmes de vue… Les rescapés de l’épidémie catastrophe se heurtent encore à des problèmes de santé aujourd’hui, un an après la fin de la transmission du virus.

Il y a presque un an s’éteignait l’épidémie du virus ravageur de l’Afrique de l’Ouest : Ebola. Le bilan est lourd. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 28 000 cas auraient été recensés en Sierra Leone, en Guinée et au Libéria, dont précisément 11 310 décès.

L’épidémie de 2013 fut la plus importante depuis la découverte du virus, mais elle fût également celle avec le plus grand nombre de survivants. 17 000 personnes ont ainsi été déclarées guéries officiellement.

La cohorte PostEboGui a décidé de suivre 802 survivants sur les 1270 recensés en Guinée, composés d’adultes et d’enfants, pour une durée minimale de 2 ans. L’objectif, selon l’organisation, est de « proposer un suivi médical et psychosocial à 1000 personnes, soit près de 80 % des personnes guéries de MVE en Guinée « .

Des symptômes persistants, un an après la fin de l’épidémie

Les travaux ont été publiés le 13 janvier 2017, dans la revue The Lancet Infectious Diseases. Trois quarts des rescapés font état de symptômes « post-Ebola », et ce, même plusieurs mois après l’épidémie. Les plus fréquents sont assez généraux, comme la fièvre et la fatigue chronique pour 40 % d’entre eux, ainsi que des douleurs musculaires (40 %) et abdominales (22 %). Enfin, une plus petite portion fait état de troubles oculaires (18 %) et auditifs (2 %).

Dans 17 % des cas, les personnes souffrent notamment de dépression : « Chez ces personnes qui sont passées près de la mort et ont souvent perdu des proches, il s’agit vraisemblablement d’un syndrome post-traumatique, lequel nécessite impérativement une prise en charge. L’une d’entre elles s’est suicidée « , décrit le docteur Éric Delaporte, chercheur à l’INSERM et auteur de l’étude, dans The Conversation. Un quart des malades se sont, eux, plaints d’une stigmatisation, témoigne notamment le docteur à la RFI :« Elle a un impact très important comme dans le VIH, car il va y avoir l’isolement, la perte de l’emploi d’où la précarité, la dépression, des douleurs, etc.« . L’Étude constate également une distinction entre les enfants et les adultes : sur le long terme, les jeunes présentent moins de douleurs squelettiques et de soucis de vision, mais ont plus de signes généraux.

Si les patients sont officiellement guéris, nombreux souffrent encore de divers symptômes
Si les patients sont officiellement guéris, nombreux souffrent encore de divers symptômes© iStockphoto

Pas à l’abri d’une récidive

Enfin, le virus survivrait dans le sperme des patients jusqu’à 18 mois après leur guérison officielle. Les chercheurs ont montré que le virus persistait donc dans le liquide séminal, mais diminuait avec le temps. Le virus aurait aujourd’hui disparu, avec son risque de transmission sexuelle. Si l’intensité des symptômes s’estompe, difficile de déterminer si une récidive est possible plus tard pour les autres parties du corps. Le virus pourrait se loger, selon Eric Delaporte, dans des « réservoirs » au sein de l’organisme. Des parties telles que l’oeil ou le cerveau seraient encore susceptibles de contenir la maladie.

La surveillance médicale sera assurée jusqu’en 2018 par l’équipe de PostEboGui, afin de continuer à mettre le doigt sur l’après-Ebola, le niveau de suivi des patients et les soins qui leur seront prescrits.

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