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Agressivité en milieu médical : trois vérités qui dérangent

Muriel Lefevre

Près de neuf membres du personnel soignant sur 10 ont déjà dû faire face à de l’agression physique ou verbale. Ce constat est révélateur de l’attitude des patients, mais aussi du personnel soignant dit De Standaard.

D’une étude menée en Flandres dans 24 hôpitaux et maisons médicales, il ressort que 90% du personnel a déjà été confronté à de la violence physique ou verbale. Parmi ceux qui effectuent des soins à domicile, ils étaient 78%. 40% d’entre eux ont même fait l’objet de menaces. Est-ce notre société de plus en plus dure qui pousse les gens à devenir plus agressifs ? La vérité n’est pas aussi simple.

Le personnel soignant est dans la plupart des cas confronté à des personnes en situation de stress, que ce soit les patients eux-mêmes ou leurs proches. De quoi accroître le risque de conflit. On ne peut cependant limiter cette agressivité à ce constat trop réducteur. La réalité est en effet bien plus complexe. Les résultats de cette enquête publiée dans le Standaard révèlent trois vérités qui dérangent. Tout le monde en prend pour son grade, aussi bien du côté des patients que du personnel soignant.

Travail administratif

Certains patients ont l’impression que les membres du personnel soignant se bornent à effectuer leur tâche sans tenir compte des patients et de leurs demandes. L’étude met en lumière que le personnel soignant passe 40% de son temps à du travail administratif. « Si vous devez consacrer autant de temps à des tâches administratives, la paperasse semble également très importante. Le contrôle des tâches et le suivi des procédures jouent un rôle crucial dans le secteur de la santé en matière de contrôle qualité et de financement. Par exemple, chaque matin les patients doivent être lavés et préparés. Afin que cette opération quotidienne soit aussi efficace que possible, les infirmiers préfèrent travailler selon une planification prédéterminée. Et lorsqu’il y a des interruptions, comme lorsqu’un patient appelle, le rythme est perturbé, cela entraîne des retards. Mais dans son lit, le patient ne comprend pas pourquoi il devrait attendre lorsqu’il demande de l’assistance », selon les auteurs de l’étude. Ce sont deux impératifs contradictoires, d’où l’émergence de crispations des deux côtés. Une frustration néanmoins partagée par le personnel soignant puisque ce genre de mécanique est en opposition avec le coeur de leur métier qui est de prendre soin des gens. C’est pourquoi il est urgent de trouver des solutions efficaces qui ne perdent pas de vue les intérêts du patient.

Effet de meute

Parfois, il y a un phénomène de meute au sein des services. Si un collègue a décrété qu’un tel est un patient difficile, il y a de fortes chances que cette étiquette lui reste auprès des autres membres de l’équipe. Cette « culture de service » doit pourtant être mise de côté, car elle ne permet pas d’avoir un premier contact neutre et instaure une distance entre le personnel soignant et le patient. Or c’est justement cette distance qui pourrait être l’une des explications dans le ressenti de l’agressivité. L’agressivité est, après tout, quelque chose de relatif. On peut ressentir une remarque comme une agression alors que cela ne l’est pas forcément.

Menaces

« Dans notre département, nous ne mentionnons jamais notre nom en présence des patients. Pourquoi? Probablement parce que nous avons peur d’être mis en cause si cela tourne mal » dit une infirmière de façon anonyme dans le Standaard. 40% du personnel infirmier avoue déjà avoir fait l’objet de menace. « Souvent, les patients menacent de porter plainte auprès de la direction ou de l’ombudsman. Par conséquent, il n’est pas rare que les infirmiers cachent sciemment leur badge et deviennent très pointilleux sur les procédures et les tâches administratives, de peur que chaque initiative personnelle ne se retourne contre eux. Tout cela rend les soins plus impersonnels. » disent les auteurs de l’étude.

Cela ne devrait cependant pas autoriser les patients à manquer de respect envers le personnel soignant, même si ce dernier se doit de garder la tête froide. « Nous savons que dans des situations vulnérables, telles que la maladie ou la faiblesse, il est plus difficile de communiquer correctement », explique dans De Standaard Vandecasteele, auteur de l’étude. « Les personnes qui sont dépendantes des soins vont, s’ils ont besoin de quelque chose, plus rapidement taper du poing sur la table ou élever la voix. Ou simplement exprimer une frustration

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