Russie: vague de colère contre une réforme « destructrice » de l’Académie des sciences

(Belga) Un projet de réforme prévoyant la fermeture de l’Académie des sciences, le plus grand centre scientifique en Russie, au profit d’une nouvelle institution, a suscité la colère des académiciens russes, qui ont dénoncé lundi une initiative « destructrice ».

« Ce projet est absolument inacceptable », a déclaré la direction de l’Académie dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion extraordinaire. Cette réforme va aboutir à la « destruction du potentiel scientifique, de la capacité défensive et de la sécurité nationale du pays », soulignent les académiciens. L’Académie des sciences a été fondée en 1725 sur ordre du tsar Pierre le Grand. Elle a compté parmi ses membres étrangers des personnalités comme le philosophe et écrivain français Diderot et le physicien et homme politique américain Benjamin Franklin. « C’est un projet de loi horrible (…) qui vise à détruire l’Académie des sciences la plus importante en Europe, et peut-être dans le monde », a dénoncé l’académicien et prix Nobel de physique Jaurès Alferov, dans un entretien au quotidien en ligne Gazeta.ru. Il a appelé les députés de la Douma russe (chambre basse), qui doivent examiner vendredi ce projet de réforme, « à le rejeter à l’unanimité et à réclamer le limogeage » de ses auteurs. Le projet, proposé par le ministre de l’Education, Dmitri Livanov, prévoit de fermer l’Académie des sciences, ainsi que l’Académie des sciences médicales et celle des sciences agricoles, pour créer une nouvelle institution regroupant les trois académies, officiellement pour favoriser le développement des sciences en Russie. Selon le projet de réforme, une organisation spéciale devra être créée pour gérer les biens immobiliers de l’Académie des sciences, qui a des filiales à travers toute la Russie et possède plusieurs vastes terrains et des bâtiments spacieux. « Cette réforme est une insulte aux hommes de science » et vise à détourner les biens de l’Académie, a déclaré à l’AFP l’académicien Valéri Roubakov. « C’est la fin des sciences russes », a déclaré à l’AFP l’académicien Mikhaïl Gratchev, directeur de l’Institut de limnologie à Irkoutsk (Sibérie orientale), en soulignant qu’il refuserait de faire partie de la nouvelle institution. Pour leur part, les syndicats de l’Académie ont appelé à manifester contre cette réforme « abominable » et sollicité l’aide du président russe Vladimir Poutine, lui demandant d’empêcher qu’un « dommage irréparable » soit infligé à la science en Russie. (Belga)

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