Russie – La candidature de Navalny à la mairie de Moscou acceptée avant l’issue de son procès

(Belga) La candidature de l’opposant Alexeï Navalny à l’élection du maire de Moscou a été officiellement acceptée mercredi, mais ce leader de la contestation, qui s’attend à être condamné jeudi par la justice, a dénoncé par avance une ruse du pouvoir.

« La décision est prise à l’unanimité », a annoncé le président de la commission électorale après un vote rapide. L’opposant est ainsi théoriquement autorisé à se présenter, avec cinq autres candidats dont le maire sortant Sergueï Sobianine, un proche de Vladimir Poutine, à l’élection prévue pour le 8 septembre prochain. M. Navalny, un avocat de 37 ans et blogueur, pourfendeur de la corruption, qui est devenu ces deux dernières années l’opposant n°1 au président Vladimir Poutine, n’était pas présent. Son représentant, Léonid Volkov, a déclaré aux journalistes qu’il avait préféré consacrer la journée à des formalités comme la signature de diverses procurations, en prévision d’une possible incarcération jeudi. Le jugement doit en effet être rendu ce jeudi au procès de l’opposant à Kirov (900 km à l’est de Moscou) pour des accusations de détournements de fonds qu’il nie. Une peine de six ans de camp de travail a été requise contre lui pour ces malversations qui auraient été commises en 2009 alors qu’il était conseiller du gouverneur libéral de la région. Le président de la Commission électorale de Moscou, Valentin Gorbounov, a affirmé mercredi à l’agence de presse Itar-Tass que seule une peine de prison ferme et une incarcération écarteraient l’opposant de la campagne électorale. Selon la même source, Alexeï Navalny resterait en mesure de faire campagne en cas d’autre condamnation, jusqu’à un éventuel examen en appel. Dans un entretien publié mercredi par le quotidien populaire Moskovski Komsomolets, Alexeï Navalny a cependant déclaré s’attendre à être condamné jeudi à l’emprisonnement. Il a dit au quotidien emmener ses effets avec lui à Kirov en prévision d’une incarcération, et avoir pris soin de passer du temps avec ses jeunes enfants. « Ils m’écartent de l’élection parce qu’ils ont peur », déclare-t-il encore dans l’interview, n’excluant pas d’appeler en définitive au boycottage du scrutin. « Le but est précisément celui-là : me priver de la possibilité de faire campagne, de collecter de l’argent, de rencontrer les électeurs, et ensuite dire +Regardez, il a obtenu 5% des suffrages ! + », estime-t-il. La décision de la commission électorale était prévisible depuis que le maire sortant, ancien chef de cabinet de Vladimir Poutine nommé à la mairie de Moscou en 2010 mais qui a convoqué une élection anticipée pour septembre prochain, avait récemment déclaré qu’il fallait permettre à Alexeï Navalny de participer au scrutin. « Nous avons fait tout notre possible pour que les Moscovites aient le plus grand choix », a affirmé M. Sobianine mercredi à l’agence de presse RIA Novosti. Il avait notamment demandé aux députés municipaux, dont l’immense majorité est issue du parti au pouvoir Russie unie, d’accorder à l’opposant les signatures de soutien qui lui manquaient pour compléter son dossier de candidature. Les autorités russes ont en effet été accusées par l’opposition de vouloir écarter Alexeï Navalny de la scène politique, par plusieurs poursuites judiciaires entamées contre lui, qu’il dénonce comme étant cousues de fil blanc. Selon l’expert et blogueur Alexandre Morozov cependant, les autorités russes sont divisées quant à la stratégie à suivre à son égard, entre le Kremlin qui veut montrer une « démocratisation » apparente et les organes policiers et judiciaires qui continuent à se lancer dans de multiples poursuites et procès d’opposants. « Tout cela va prendre un tour scandaleux. On va interdire Navalny juste avant l’élection, fin août ou début septembre », prédit-il. Alexeï Navalny n’est crédité dans les sondages que de 8% des intentions de vote contre 78% pour le maire sortant, mais il est devant les autres candidats comme le communiste Ivan Melnikov, et dénonce le monopole des grands médias ainsi qu’une campagne contre lui. « La télévision nationale ne parle pas de moi, sinon pour dire que je suis un corrompu, un agent des Américains et un ennemi de l’Etat », relève-t-il dans Moskovski Komsomolets. (Belga)

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