© Google/Isopix

Réalité augmentée : ces lunettes qui vont changer notre quotidien

Depuis quelques années, les applications de réalité augmentée se multiplient sur les smartphones. Elles s’installeront bientôt devant nos yeux. Encore balbutiantes, ces technologies pourraient modifier radicalement notre vision du monde.

Imaginez la scène. Vous marchez dans les rues de Manhattan muni de lunettes high-tech. Tel un GPS, celles-ci affichent l’itinéraire pour vous guider jusqu’au musée Guggenheim. Arrivé à bon port, vous contemplez une toile de Kandinsky. Un mot, et la fiche Wikipédia du peintre s’affiche aussitôt sur vos verres. En tournant la tête, vous croisez le regard d’une charmante personne. Tapotement discret sur la branche de vos lunettes : son profil Facebook apparaît devant vos yeux…

Science-fiction ? Pas pour longtemps. Les futures « Google glasses », présentées fin juin, permettront déjà de réaliser une partie de ce scénario digne du film Terminator. Or les premiers modèles sont prévus pour 2014, bien que réservés dans un premier temps aux Etats-Unis. Les développeurs qui assistaient à la présentation, eux, pouvaient commander des prototypes qui leur seront livrés début de l’an prochain. A condition de débourser la bagatelle de 1 500 dollars (1 215 euros), prix qui devrait baisser pour la version définitive.

Dans les faits, ces fameuses lunettes se contenteront de river sur le nez une technologie disponible depuis des années. De petits programmes gratuits permettent déjà de superposer des éléments virtuels à la réalité observée à travers l’objectif d’une webcam, d’un smartphone ou d’une tablette connectés au Web. C’est ce que l’on appelle « la réalité augmentée » (RA). Ses applications se développent dans les domaines les plus divers et devraient connaître une progression fulgurante. Quelques exemples.

La RA aujourd’hui…

La géolocalisation. Sur appareils mobiles, les applications Wikitude et Layar se taillent la part du lion dans le domaine. Les deux fonctionnent à la manière d’une caméra. Grâce à la boussole et au GPS intégrés, le logiciel sait où se trouve l’utilisateur et dans quelle direction il regarde. Il recherche alors sur le Net des renseignements sur les lieux cadrés dans le viseur. Des infobulles apparaissent sur l’écran à leur emplacement. Si c’est un restaurant, par exemple, une touche du doigt sur son nom permet de composer son numéro de téléphone ou de consulter la carte. Magique.

L’e-commerce. Acheter un vêtement en ligne sans d’abord l’essayer peut réserver des surprises… Aussi l’agence Zugara a-t-elle développé l’application Fashionista, sorte de cabine d’essayage virtuelle. On choisit une chemise en ligne, on se place devant une webcam, et l’étoffe se superpose à notre image. Pour changer de tenue, un geste de la main suffit. Si le résultat nous plaît, un autre geste sur le bouton « photo », et c’est dans la boîte.
La société française Total Immersion, elle, a développé une application similaire réservée aux lunettes, avec cet avantage que l’accessoire virtuel suit les mouvements du visage.

La médecine. La RA permet désormais de localiser les veines d’un patient jusqu’à 1 cm de profondeur. Développé par la firme américaine Christie, le système d’imagerie médicale Vein Viewer détecte les vaisseaux sanguins à l’aide de rayons infrarouges. L’image captée est ensuite projetée en temps réel sur la peau. Placer une intraveineuse devient une opération millimétrée.

… et demain ?

Créer sa propre réalité augmentée. Les entreprises utilisent de plus en plus la RA pour assurer leur promotion. Olympus, Unilever, Lego, Mini… et dernièrement Ikea, avec son catalogue 2013 dont les photos peuvent s’animer en 3D. Le procédé n’est possible qu’avec des objets conçus à cette fin. Total Immersion, déjà citée, compte mettre sur le marché d’ici à l’an prochain une application de création de RA personnalisée. « Prenons par exemple une personne qui reçoit une carte postale pour son anniversaire, explique Antoine Brachet, le directeur marketing. En pointant son smartphone sur la carte, elle verrait apparaître en superposition ses amis dans une vidéo préalablement postée sur Internet. »
La reconnaissance d’objets. L’un des grands défis marketing de la réalité augmentée : offrir aux consommateurs des renseignements sur les articles vendus en magasin, mais sans passer par un code-barres. Une application de ce type est à l’étude chez IBM. Braqué sur un paquet de spaghettis, un téléphone pourrait ainsi afficher une foule d’informations pratiques : liste des ingrédients, prix, risques allergiques, bons de réduction… De leur côté, les commerçants récolteraient des données stratégiques sur les produits les plus souvent « consultés ». IBM n’a avancé aucune date de sortie pour son prototype, en cours de test chez certains de ses clients.

La reconnaissance de visages. Présent sur certains smartphones dernier cri, le déverrouillage par reconnaissance faciale se limite pour l’heure à l’utilisateur du téléphone. A quand une identification de visages inconnus ? Sur image fixe, c’est possible depuis des années. En juin dernier, Facebook a ainsi racheté la start-up israélienne Face.com, spécialiste du domaine. Sa technologie permet de retrouver l’identité d’une personne sur une photo et d’ajouter automatiquement un lien vers son profil sur le réseau social. De leur côté, certains systèmes de vidéosurveillance peuvent déjà reconnaître les visages en mouvement. Etendre le procédé à la réalité augmentée ne devrait être qu’une question de temps – et de puissance des processeurs. Mais plus que les obstacles techniques, les considérations liées à la vie privée freinent les développeurs. Selon Slate.com, Google aurait ainsi renoncé volontairement à inclure les visages humains dans Goggles, son application de reconnaissance d’images pour mobiles.

L’information militaire. La société Innovega vient d’annoncer la sortie imminente de lentilles de contact à réalité augmentée. Selon le constructeur américain, ces « iOptiks » permettront de projeter une image 3D directement sur l’iris, avec le confort de vision d’un écran géant. Les prototypes, prévus pour la fin de l’année, seront réservés à l’armée. Connectées à un système de transmission sans fil, les lentilles pourront indiquer aux militaires sur le terrain une série d’informations telles que les positions ennemies ou l’emplacement des objectifs de missions. Une commercialisation vers le grand public est possible pour 2014, précise Innovega.
A peine annoncées, les lunettes Google pourraient déjà être dépassées.

JULIEN IDE ET E.R.

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