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Pourquoi Di Rupo remanie-t-il son équipe?

Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Le président du PS a choisi de remplacer son chef de cabinet et de renforcer son équipe de communication.

Depuis qu’il a quitté le 16, rue de la Loi, Elio Di Rupo peine à trouver la tonalité juste dans ses interventions. Quelles soient ses critiques ou ses propositions, elles suscitent plus de railleries (sur le thème « pourquoi ne l’avez-vous pas fait quand vous étiez au pouvoir? ») que d’applaudissements. Le président du PS a donc décidé de modifier ses batteries. A la rentrée, il se séparera d’Hervé Parmentier, son chef de cabinet depuis qu’il est devenu Premier ministre. Il sera remplacé par Gilles Doutrelepont, l’actuel adjoint d’Hervé Parmentier.

Les deux hommes présentent des profils bien différents. Hervé Parmentier est un technicien, rompu aux négociations politico-budgétaires ardues (il a officié chez Magnette et Onkelinx avant d’arriver chez Di Rupo), tandis que son successeur est plutôt un homme de communication. Il fut chef de cabinet de la ministre de la Culture et de l’Audiovisuel Fadila Laanan (à l’époque des célèbres voeux avec Nounours…) et est vice-président de la RTBF.

Ce n’est pas la première fois qu’Elio Di Rupo promeut Gilles Doutrelepont. En 2005, il l’avait bombardé  » délégué à la rénovation du parti « , à l’époque il s’agissait d’organiser  » la chasse aux parvenus  » et de passer à travers les affaires à Charleroi. On ne peut pas dire que l’exercice ait abouti à un succès incomparable…

Elio Di Rupo attire par ailleurs à ses côtés le chef de cabinet de Rudy Demotte, Karim Ibourki. Ce dernier a été longtemps attaché de presse et il sera chargé de la stratégie de communication du PS. Cela confirme pleinement l’option d’une priorité renforcée à la communication.

Quand ils sont critiqués, en interne ou à l’extérieur, les hommes politiques renvoient souvent la balle à la communication. En l’occurrence, est-ce vraiment là que le bât blesse ? Tous les prédécesseurs d’Eli Di Rupo au  » 16  » ont quitté la politique belge à l’issue de leur mandat pour rejoindre des cieux européens (Martens, Dehaene, Verhofstadt, Leterme, Van Rompuy). En Belgique, ni le personnel politique ni les journalistes ni l’opinion publique ne sont habitués à voir un ancien Premier ministre se muer en chef de l’opposition. Et malgré ses qualités de stratège politique, Elio Di Rupo ne parvient pas à se faire une place dans ce contexte.

Le timing du changement de chef de cabinet peut aussi poser question. Au printemps dernier, le PS avait lancé le chantier des idées, vaste opération d’ouverture qui doit rafraîchir la ligne idéologique du parti et attirer de nouvelles ressources académiques. Cette opération était conçue et pilotée par… Hervé Parmentier.

Que deviendra-t-il ce loyal soldat du parti ? Il est recasé comme chef de cabinet de Rudy Demotte, à la présidence du gouvernement de la Communauté française. Ce transfert peut s’analyser de deux manières. Version positive: Hervé Parmentier apportera son expérience et sa capacité à se plonger dans les dossiers techniques, afin d’aider Rudy Demotte -parfois jugé un peu indolent- à ne pas laisser tout le champ médiatique à Joëlle Milquet, ministre cdH de l’Enseignement et de la Culture. Version négative : le gouvernement de la Communauté est décidément le réceptacle des politiques en disgrâce, comme Rudy Demotte qui a perdu la présidence du gouvernement wallon, Joëlle Milquet ou André Flahaut, privés de mandats fédéraux.

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