Pas de sanctions pour ceux qui ne votent pas le 14: annonce « symbolique »

(Belga) Le politologue de l’ULg, Pierre Verjans, est revenu jeudi sur les propos de la ministre de la Justice Annemie Turtelboom selon lesquels « il n’y aura pas de poursuite contre les électeurs » boudant les urnes dimanche. Pour le professeur, « cette annonce publique est plus symbolique que décisionnelle. Il sera intéressant d’en estimer l’influence sur le taux de participation après le scrutin ».

Pour Pierre Verjans, les propos d’Annemie Turtleboom pourraient conforter un certain nombre de concitoyens dans leur envie de rester calmement à la maison dimanche. « On peut le considérer comme une incitation à l’abstention. Cependant, il faut pondérer cette sortie par le fait que les Belges votent presque de façon automatique. Ils sont très attachés à remplir leur devoir électoral », explique le politologue. Jusqu’à nouvel ordre, le vote est obligatoire et secret en Belgique comme le stipule l’article 62 de la Constitution belge, datant de 1894. S’il y a une volonté politique manifeste, il est possible de modifier l’article selon des règles très précises. « Une majorité des 2/3 est nécessaire pour permettre la révision de l’article 62. Au préalable, il y aura aussi un vote sur la possibilité de soumettre cet article à révision. Un processus qui se réalise sur deux législatures », a expliqué le professeur. Au niveau des sanctions judiciaires découlant d’une abstention, Pierre Verjans a « trouvé des traces de procès fin des années 70 et début 80. Après, la justice ne s’est plus trop acharnée. C’est une question de priorité. C’est d’ailleurs le propos central de Mme Turtelboom. » M. Verjans a également mené une étude, portant sur la période 1919-2010, axée sur les électeurs inscrits qui n’ont pas voté valablement. Il s’agit donc à la fois des abstentions et des votes blancs. Sur les 90 années étudiées, cela représente une moyenne de 12% pour la Flandre, 13,5% pour la Wallonie et 15% pour Bruxelles. « Lors des élections de 1999, nous avons remarqué un haut taux, dans chaque région, de non-votants. Politiquement, les partis cherchaient à l’époque une nouvelle crédibilité après l’affaire Dutroux et la crise de la dioxine. En 1995, ce sont 30% de non-votants qui ont été comptabilisés à Bruxelles », a souligné Pierre Verjans. (JOHANNA GERON)

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