Opération « antiterroriste » au Kenya: plus de 300 Somaliens expulsés

(Belga) Plus de 300 Somaliens, arrêtés au Kenya dans le cadre d’une vaste opération « antiterroriste », ont été expulsés depuis début avril, dont au moins trois avaient statut de réfugié, a dénoncé vendredi Human Rights Watch (HRW), critiquant leur renvoi vers un pays en guerre.

« Expulser des gens vers des zones de conflit en Somalie montre un mépris total pour leurs droits et leur sécurité », a fustigé Gerry Simpson de HRW, soulignant en outre que renvoyer des gens ayant le statut de réfugiés vers des zones de guerre contre leur gré est « illégal ». « Ce qui reste de la fragile réputation du Kenya pour le respect des droits fondamentaux des réfugiés est en train de disparaître », a estimé M. Simpson. Dans le cadre de cette opération, lancée début avril après des attentats attribués aux sympathisants des islamistes somaliens shebab, la police a procédé à des rafles massives, arrêtant des milliers de personnes, essentiellement somaliennes ou d’ethnie somali, dont certaines ont été ensuite retenues et interrogées dans un complexe sportif de Nairobi ou dans des commissariats à travers le pays. Mardi, un quatrième groupe de Somaliens, comprenant 98 personnes, a été expulsé par avion, portant à 359 le nombre de Somaliens renvoyés chez eux dans le cadre de cette opération, a recensé HRW qui affirme que des responsables kenyans ont annoncé leur intention d’expulser tous les Somaliens sans papiers. Selon HRW, le Haut-Commissariat de l’ONU aux Réfugiés (HCR) s’est plaint de s’être vu refuser l’accès aux trois premiers groupes d’expulsés avant leur départ, assurant qu’au moins trois personnes y figurant étaient enregistrées comme réfugiés. Selon un document officiel consulté par l’AFP, 2.456 personnes ont été soumises à des vérifications dans le cadre de cette opération, dont près de 900 ont été libérées, environ 800 emmenés dans des camps de réfugiés, et quelque 450 expulsées. Moins de 300 ont été déférées devant la justice, pour des infractions non précisées. Le Kenya, qui forme désormais l’un des principaux contingents de la Force de l’Union africaine en Somalie (Amisom), a été le théâtre de plusieurs attentats depuis qu’il a envoyé en octobre 2011 son armée combattre les shebab dans le sud somalien. Les attaques, notamment à Nairobi et Mombasa, se sont récemment multipliées. Au moins 28 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées au Kenya dans des attentats attribués aux islamistes somaliens ou leur sympathisants depuis le début de l’année. (Belga)

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