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Mercredi noir contre la loi anti-piratage sur le Web américain

Wikipedia, Google, Mozilla, WordPress… Ce mercredi, les grands acteurs de l’Internet américain ont fermé quelques-uns de leurs sites pour protester contre la loi SOPA, en passe d’être votée aux Etats-Unis.

Les mastodontes du Web américain sont mobilisés comme jamais: sur sa page d’accueil, Google a recouvert son logo d’un rectangle noir, pendant que Wikipedia fermait ses pages en anglais pendant 24 heures. La raison? Ils entendent protester contre la loi anti-piratage SOPA (STOP Online Piracy Act), qui est soumise au vote du Congrès américain ce mercredi. Mozilla, WordPress, Flickr… plus d’une centaine de sites recensés sur sopastrike.com s’opposent également au texte.

Dans le camp d’en face, les industries du disque et du cinéma. En mettant à l’amende à leur profit des sites Internet soupçonnés de diffusion de contenu illégal, SOPA servirait directement leurs intérêts. Jusqu’ici, les ayants droit pouvaient, au mieux, leur demander de retirer les oeuvres.

Pour les grosses entreprises du Web, la loi comporte de gros risques. Les ayants droits auront les moyens de bloquer à la source les finances d’un site. Ils pourront par exemple exiger d’une régie publicitaire qu’elle ne lui verse plus l’argent qu’elle lui doit. Ou demander à un système de paiement comme Paypal ou Mastercard de bloquer ses transferts de fonds.

Le Web, une « arme politique »

Des associations de défense de la liberté d’expression et du consommateur, comme, en France, la Quadrature du Net, s’élèvent aussi contre SOPA. Elles redoutent des atteintes à la liberté d’expression. La loi permet ainsi de réclamer la suppression de tous les contenus d’un site, même si certains d’entre eux sont légaux. Ou encore de demander aux moteurs de recherche comme Google de retirer les pages d’un site de leurs résultats.

La presse américaine observe ce débat avec intérêt. « C’est le premier grand test de la force de frappe politique des acteurs du Web. Quelle qu’en soit l’issue, on ne peut plus les négliger, explique Tim Wu, professeur à l’université de Droit de Columbia au site internet du New York Times . Voir le Web s’opposer à l’un des lobbies les plus puissants et, apparemment, aboutir à quelque chose, c’est une première ».

« Les entreprises comme Twitter, Wikipedia et Google ont utilisé leur énorme influence sur la vie quotidienne des Américains comme arme politique pour s’octroyer le soutien de leurs utilisateurs, explique le site du Washington Post . Déjà, l’élan de cette loi controversée est largement freiné. Il y a seulement deux semaines, elle semblait bien partie pour passer ».

L’opposition à SOPA dépasse le petit monde du Web. « Que les choses soient claires, la piraterie est un problème qui doit être géré, et le travail de nos artistes doit être protégés, mais SOPA n’est pas la bonne réponse, écrit Joe Sestak, ancien membre du Congrès et Amiral trois étoiles, sur le Huffington Post . Au lieu de mettre un coup de massue sur notre Web, nous devrions utiliser un scalpel pour nous occuper des sources isolées de piraterie et éviter de faire peser un fardeau sur nos entreprises de l’Internet ».

Adrien Sénécat

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