Mariage forcé – Un phénomène surestimé que les autorités doivent être mieux formées à dépister

(Belga) Le mariage forcé est un phénomène peu répandu et hautement surestimé par les médias et le politique, mais il nécessite une formation accrue des fonctionnaires de l’Etat civil et autres institutions officielles, peu outillés pour dépister les cas, ressort-il d’une étude universitaire présentée lundi à Bruxelles.

« Par rapport à la médiatisation qui en est faite – récemment encore à travers l’affaire Sadia Sheikh (cette jeune femme assassinée par sa famille parce qu’elle refusait un mariage arrangé, ndlr) -, nous avons constaté que les mariages forcés sont bien plus marginaux que ce l’on pouvait craindre », a affirmé le sociologue Andrea Rea (ULB). Avec la chercheure Nawal Bensaid (ULB), il a étudié les statistiques officielles – communes, parquet, police – et rencontré les associations du secteur en Région bruxelloise, à la demande de la ministre fédérale Joëlle Milquet et du secrétaire d’Etat bruxellois Bruno De Lille, tous deux en charge de l’Egalité des chances. Ils ont constaté que les chiffres repris dans les registres des institutions étaient « très faibles », de l’ordre d’un cas ou deux par an. Ceux des associations sont un peu plus importants – le double – tout en restant « très limités ». Et si l’existence d’un chiffre noir est certaine, il ne devrait pas faire exploser les statistiques, estiment les sociologues. « Ce n’est pas un phénomène inquiétant, même si chaque cas est dramatique », conclut Nawal Bensaid, qui ne préconise dès lors aucune mesure dispendieuse. « Il faut maintenir et renforcer les mesures actuelles de prévention, de sensibilisation et d’information ». A Bruxelles, les fonctionnaires d’Etat civil, qui s’entretiennent avec les candidats au mariage avant de sceller leur union, recevront une formation spécifique à l’automne prochain pour détecter d’éventuels indices de mariage forcé. « En l’absence quasi-générale de sensibilisation du personnel institutionnel, il est extrêmement difficile de dépister » les cas, ont en effet noté les universitaires. Les associations continueront à être soutenues, a assuré Bruno De Lille, et un vade-mecum des droits et des bonnes pratiques pour réagir à cette violence intrafamiliale sera élaboré. Au niveau légal, la lutte contre les mariages et la cohabitation de complaisance a récemment été renforcée. Les juges du pénal peuvent notamment annuler un mariage ou un contrat de cohabitation – compétence civile – s’ils constatent un cas en traitant un dossier, a rappelé Mme Milquet, qui plaide également pour la généralisation des cellules d’enquête sur les mariages de complaisance dans les grandes villes. (Belga)

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