Stefan Verschuere, vice-président de la commission vie privée. © BERT VAN DEN BROUCKE/PHOTO NEWS

La transparence reste compliquée lorsqu’on s’intéresse aux cabinets ministériels

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

La patience est une des vertus du journaliste. Mais celle-ci est parfois mise à rude épreuve. Illustration avec Fadila Laanan, Rudi Vervoort et la commission vie privée. C’est du vécu…

La patience est une des vertus du journaliste. Mais celle-ci est parfois mise à rude épreuve. Ainsi dans l’enquête que Le Vif/L’Express et Cumuleo ont menée conjointement sur la composition des cabinets ministériels de tous les exécutifs du royaume (Le Vif/L’Express du 13 janvier dernier), nous avions épinglé, pour la Région de Bruxelles, les cabinets de Fadila Laanan et de Rudi Vervoort : malgré un avis favorable rendu par la commission d’accès aux documents administratifs (Cada), les deux ministres PS avaient résisté à notre demande, faisant valoir qu’ils attendaient encore la position de la commission de la protection de la vie privée (CPVP) avant de fournir la liste de leurs collaborateurs.

Ils semblaient donc vouloir prolonger ce jeu de cache-cache, alors que la Cada avait clairement stipulé, dans son avis, que notre requête n’était  » pas de nature à porter atteinte à la vie privée des personnes concernées « . Bref, Fadila Laanan avait promis de nous tenir au courant. Nous avons donc attendu. Et encore attendu… Jusqu’au mois de juin, où nous avons contacté la juriste francophone de la CPVP qui s’était occupée du dossier et qui nous a alors assuré qu’elle avait bien été sollicitée par le cabinet auquel elle avait répondu que, dans la mesure où la Cada s’était prononcée sur le sujet, elle ne pouvait rien apporter de plus et renvoyait dès lors à l’avis rendu. Nous n’avons néanmoins pu obtenir les dates des échanges de courrier entre Fadila Laanan et la commission vie privée.

La transparence reste compliquée lorsqu'on s'intéresse aux cabinets ministériels

Surprise : le jour où nous avons publié un nouvel article (Le Vif/L’Express du 23 juin) pour raconter cette saga, Fadila Laanan a envoyé à Cumuleo la liste complète des membres de son cabinet, actuels et passés. Il faut dire que le scandale du Samusocial venait d’exploser. Dans son courrier, la ministre socialiste justifiait son geste par  » un souci de transparence « . Elle ajoutait qu’elle y consentait  » même si la commission vie privée n’a pas encore fait connaître sa position définitive « . Rudi Vervoort a suivi le mouvement quelques jours plus tard, en évoquant, lui, un courrier de la commission vie privée, envoyé le 21 février 2017, dans lequel la CPVP ne donnait pas de position tranchée.

Intrigués, nous sommes retournés vers la commission vie privée pour comprendre pourquoi tout cela avait tant traîné et pour lui demander si elle avait bien remis un avis définitif à Fadila Laanan, comme sa juriste nous semblait l’avoir expliqué. Ou bien si son courrier du 21 février constituait une analyse intermédiaire. Dans ce cas, pourquoi n’avoir jamais émis un avis définitif depuis lors ? Bref, nous avons cherché à savoir où cela avait coincé pendant des mois. Le vice-président francophone de la commission, Stefan Verschuere, n’a jamais donné suite à nos sollicitations.

Début juillet, sa porte-parole nous a répondu par téléphone que la commission allait nous… répondre sous peu. En vain. Nous l’avons donc relancée. Par mail, elle s’est excusée, arguant du manque de temps dû aux congés. Nous avons attendu encore et encore, puis re-relancé la commission à l’issue des vacances, par mail et par téléphone. Sans succès. Silence total.

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