© Peter Kelleher/Victoria and Albert Museum, London

Trois questions à Jule Rubi, Research assistant au Victoria & Albert Museum

A quel besoin répond l’opéra ?

L’opéra est une forme d’art basée sur l’émotion qui sollicite tous les sens. Il nous enveloppe et répond à notre besoin d’humanité. A travers l’exacerbation des passions qui est produite ainsi que donnée à entendre et à voir, le spectateur a la possibilité de se libérer de ses affects. Il y a une fonction véritablement cathartique de l’opéra.

Sa forte codification n’est-elle pas un obstacle à son succès ?

Ce que nous avons essayé de montrer, c’est que l’opéra se réinvente en permanence. Chacune des époques propose sa propre codification, parfaitement reçue par le public qui l’absorbe. Avec le temps, elle devient obsolète et se voit remplacée par une nouvelle grille plus effective, plus en phase avec le contexte socio-politique. Wagner explose totalement les codes tels qu’on peut les observer chez Monteverdi. De la même manière, les xxe et xxie siècles échappent aux systèmes antérieurs, il y a une grande libération des approches formelles. Finalement, ces codes ne sont pas tellement importants : le spectateur qui assiste à un opéra est là pour goûter au théâtre des passions humaines. Ce qui est capital en revanche, c’est qu’il n’y ait pas de filtre placé entre le chanteur et le spectateur, pas d’amplification de la voix, la connexion est directe. Cette vibration est universelle et irrésistible.

Le parcours de l’exposition semble s’arrêter d’une certaine façon en 1934, à Saint-Pétersbourg, brossant la suite de l’histoire de manière plus générale. L’opéra s’arrête-t-il avec Dimitri Chostakovitch ?

Matériellement, il était impossible de couvrir toute l’histoire de l’opéra. Pour opérer une sélection, nous avons fait ce choix de faire coïncider des  » premières  » et des villes pour montrer le lien fort avec le contexte socio-politique. Dans cette logique, il nous a semblé plus pertinent d’évoquer la création après 1934 à la manière d’un fast forward, d’une avancée rapide, pour montrer l’explosion de formes qui caractérise l’opéra après cette date. Il y avait trop de choses à dire à propos des quatre-vingt dernières années, période où l’opéra devient une forme d’art globalisée protéiforme et répandue à travers la planète. C’est donc en quelque sorte une fin ouverte…

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