Philippe Maystadt, une expertise vulgarisée pour le plus grand nombre. © NICOLAS MAETERLINCK/BELGAIMAGE

Toute l’expérience de Maystadt

C’est un précis de politique appliquée, qui ne dépareillerait pas les sources d’inspiration du bon gouvernement étudié par l’expert ès démocratie Pierre Rosanvallon, que nous propose l’ancien ministre Philippe Maystadt, chroniqueur au Vif/L’Express, avec Des lieux et des moments, comment on décide en politique (éd. Avant-propos, 152 p.). L’homme politique social-chrétien puis humaniste distingue six processus de décision, fruit de son expérience sur les théâtres belge et européen : la décision par compromis, par chantage, par fait accompli, par rejet, par défaut et par coordination. Chacun est agrémenté d’exemples vécus. Et il n’étonnera personne que le plus fourni soit consacré par ce pur produit de la culture politique belge à la gouvernance par compromis. Il rappelle en avoir été un humble artisan lorsqu’une de ses propositions ouvrit la voie à l’adoption, par ses collègues européens divisés, du pacte de stabilité (avec un plafond à 3 % du PIB des budgets des Etats membres) qui continue d’être la référence européenne en matière d’orthodoxie budgétaire. Au-delà de la typologie des prises de décision, Philippe Maystadt pose un regard avisé sur l’évolution de la gouvernance jusqu’à celle d’un  » Etat postmoderne « , dont le fonctionnement, observe-t-il,  » fait une place plus grande à la consultation et à la négociation, qui est contraint à plus de transparence à chacune des étapes et qui est soumis à des contrôles externes accrus tant a priori qu’a posteriori « . Il n’est donc pas plus aisé d’être un dirigeant aujourd’hui qu’hier. Mais chaque aspirant aux responsabilités a désormais, avec l’essai de Philippe Maystadt, un guide de référence qui plaira aussi à tous ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la chose publique.

Gérald Papy

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